[PDF] Groupes de réflexion géométrie du discriminant et partitions non





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Groupes de réflexion géométrie du discriminant et partitions non

20 oct. 2010 très attentif à ce que je ressentais et pas seulement aux maths ... Mais il existe des formules de passage simples entre les factorisations.



Orbites dHurwitz des factorisations primitives dunelement de

27 ian. 2010 (appelés les simples) du monoïde de tresses dual de W (cf. ... Dans le cas des réflexions on a une proposition similaire



Representations de reflexion de groupes de Coxeter--Quatrieme

23 feb. 2020 arXiv:2002.09883v1 [math.GR] 23 Feb 2020. Représentations de réflexion de groupes de. Coxeter. Quatrième partie: La représentation R est.



Representations de reflexion de groupes de Coxeter Premiere

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Université Paris VII -

Denis DiderotÉcole Normale

Supérieure

École Doctorale Paris Centre

Thèse de doctorat

Discipline : Mathématiques

présentée par

VivienRipoll

Groupes de réflexion, géométrie du discriminantet partitions non-croisées dirigée par DavidBessis. Soutenue le 9 juillet 2010 devant le jury composé de : M. DavidBessisÉcole Normale Supérieure (Directeur) M. CédricBonnaféUniversité de Franche-Comté M. FrédéricChapotonUniversité Lyon 1 (Rapporteur)

M. PatrickDehornoyUniversité de Caen

M. FrançoisLoeserÉcole Normale Supérieure

M. JeanMichelUniversité Paris 7

2 Département de Mathématiques et Applications

École Normale Supérieure

45 rue d"Ulm

75005 Paris

Université Paris Diderot - Paris 7

5 rue Thomas Mann

75205 Paris Cedex 13

École Doctorale de Sciences Mathématiques de Paris-Centre

Case 188

4 place Jussieu

75252 Paris Cedex 05

Remerciements

Bien évidemment, c"est à DavidBessisque vont mes premiers remerciements. Il a été pour moi, depuis le début de mon M2, et tout au long de ma thèse, un mentor remarquable. Il m"a montré comment construire mon intuition mathématique, comment prendre du recul, comment

rédiger de manière lisible... Mais au-delà de ses indéniables qualités mathématiques, c"est par

ses qualités humaines qu"il a su rendre ces années agréables et enrichissantes. Il a toujours été

très attentif à ce que je ressentais, et pas seulement aux maths qui nous liaient formellement.

Il m"est parfois arrivé au cours de ma thèse d"être démotivé; mais, invariablement, en sortant

de son bureau, j"étais de nouveau confiant et prêt à attaquer avec le sourire des questions

passionnantes. Je lui suis aussi reconnaissant d"avoir su rester très disponible jusqu"à la fin de

ma thèse, malgré une vie professionnelle chargée. Bref, un énorme merci! ChristianKrattenthaleret FrédéricChapotonont accepté d"être rapporteurs de cette thèse. Je souhaite les remercier vivement ici pour le temps passé, pour leur enthousiasme, et pour avoir accepté de venir à Paris pour la soutenance. Je remercie CédricBonnafé, PatrickDehornoy, FrançoisLoeser, et JeanMichel d"avoir bien voulu me faire l"honneur de faire partie du jury également. Un merci spécial à JeanMichel, pour avoir répondu patiemment à toutes mes questions sur le logicielGAP, et à PatrickDehornoypour ses conseils utiles lors de mes passages à Caen, notamment au sujet des exposés oraux. Merci à toute l"équipe d"algèbre du DMA, qui a été ma maison mathématique pendant ces années de thèse; en particulier, merci à mes cobureaux Emmanuel, Max, Zhi, Olivier B et

Thomas, ainsi qu"à François C. Un grand merci aussi à ZaïnaElmiret BénédicteAuffray

qui rendent la vie pratique accessible à des matheux. Je remercie aussi toute l"équipe Groupes Finis de l"IMJ, qui m"a accueilli régulièrement : merci en particulier à JeanMicheldéjà cité, MichelBroué(pour son cours de M2 passion-

nant qui m"a introduit au monde des groupes de réflexion complexes, et pour avoir été tout au

long de ces années un grand-père de thèse particulièrement enthousiasmant), FrançoisDigne

(aussi pour tous les papiers administratifs!), IvanMarin, SungsoonKim, MarcCabanes, VincentBeck(chargé de TD puis ami mathématique captivant), NicolasLibedinsky, Re- naudRamage... Toujours à Chevaleret, un grand merci à MichèleWasse, pour sa compétence exceptionnelle, et pour avoir toujours eu les réponses à mes questions administratives; merci aussi à AliceDupouyqui a pris la relève courageusement et efficacement ces derniers mois. J"ai pu profiter d"un séjour mathématique au sein du Mathematical Institute à Oxford,

grâce à une subvention du réseau Representation Theory Across the Channel. Merci à Meinolf

Gecket BernardLeclercpour la gestion de ce réseau. Sur place, merci à tout le labo de maths d"Oxford, et en particulier à RaphaëlRouquierpour l"accueil chaleureux et les échanges mathématiques très instructifs; une partie de cette thèse lui doit beaucoup. 4 J"ai eu la chance de rencontrer KyojiSaito, lors d"une conférence à Sapporo; je le remercie pour son intérêt pour mon travail, pour les discussions enrichissantes et pour m"avoir fourni une version longue d"un de ses articles. Merci également à VicReiner, pour ses idées et son soutien efficace. L"introduction de ce manuscrit doit beaucoup à la thèse de DrewArmstrong

sur les partitions non-croisées : c"est ici l"occasion de le remercier d"avoir écrit 150 pages qui

se lisent presque comme un roman. Merci à l"intelligence multicéphale qu"est le forum de maths de l"ENS, où les questions restent rarement sans réponses; merci en particulier à David M et Joël B. Pour la partie informatique, particulièrement L ATEX, merci aux tuteurs de l"ENS, et au Bureau des Doctorants de l"IMJ. Je remercie tous mes amis matheux, qui m"ont aidé chacun à leur manière, dans un cadre mathématique ou non; en particulier Mikael (trop de choses à dire pour une parenthèse!), Jérémy (relecteur rigoureux!), Olivier, Shona, Cyril, Laetitia, Gabriel, Damien, Valentin... Je n"oublie pas de remercier mes amis non matheux - colocs, amis de Toulon, de Marseille, de Paris et d"ailleurs -, qui m"ont soutenu de près ou de loin; je le ferai de vive voix, et ce

n"est pas ici le cadre adapté pour détailler tout ce qu"ils ont été pour moi, mais il est certain

que leur amitié a été déterminante pendant ces années de thèse. Merci! Enfin, merci à ma famille pour leur amour et leur soutien constant.

RésuméRésumé

LorsqueWest un groupe de réflexion complexe bien engendré, letreillisncpWdes par-

titions non-croisées de typeWest un objet combinatoire très riche, généralisant la notion de

partitions non-croisées d"unn-gone, et intervenant dans divers contextes algébriques (monoïde

de tresses dual, algèbres amassées...). De nombreuses propriétés combinatoires dencpWsont

démontrées au cas par cas, à partir de la classification des groupes de réflexion. C"est le cas de

la formule de Chapoton, qui exprime le nombre de chaînes de longueur donnée dans le treillis ncpWen fonction des degrés invariants deW. Les travaux de cette thèse sont motivés par la recherche d"une explication géométrique de cette formule, qui permettrait une compréhen- sion uniforme des liens entre la combinatoire dencpWet la théorie des invariants deW. Le

point de départ est l"utilisation durevêtement de Lyashko-Looijenga(LL), défini à partir de

la géométrie du discriminant deW. Dans le chapitre 1, on raffine des constructions topologiques de Bessis, permettant de relier

les fibres deLLaux factorisations d"un élément de Coxeter. On établit ensuite une propriété

de transitivité de l"action d"Hurwitz du groupe de tressesBnsur certaines factorisations. Le

chapitre 2 porte sur certaines extensions finies d"anneaux de polynômes, et sur des propriétés

concernant leurs jacobiens et leurs discriminants. Dans le chapitre 3, on applique ces résultats

au cas des extensions définies par un revêtementLL. On en déduit - sans utiliser la classifi-

cation - des formules donnant le nombre de factorisations sous-maximales d"un élément de Coxeter deWen fonction des degrés homogènes des composantes irréductibles du discriminant et du jacobien deLL.

Mots-clefs

Groupes de réflexion complexes, partitions non-croisées, nombres de Fuss-Catalan, formule de Chapoton, revêtement de Lyashko-Looijenga, factorisations d"élément de Coxeter. 6 Reflection groups, geometry of the discriminant and noncrossing partitions

Abstract

WhenWis a well-generated complex reflection group, thenoncrossing partition latticencpW of typeWis a very rich combinatorial object, extending the notion of noncrossing partitions of ann-gon. This structure appears in several algebraic setups (dual braid monoid, cluster algebras...). Many combinatorial properties ofncpWare proved case-by-case, using the clas- sification of reflection groups. It is the case for Chapoton"s formula, expressing the number of multichains of a given length in the latticencpW, in terms of the invariant degrees ofW. This thesis work is motivated by the search for a geometric explanation of this formula, which could lead to a uniform understanding of the connections between the combinatorics ofncpW and the invariant theory ofW. The starting point is to use theLyashko-Looijenga covering (LL), based on the geometry of the discriminant ofW. In the first chapter, some topological constructions by Bessis are refined, allowing to relate the fibers of LL with block factorisations of a Coxeter element. Then we prove a transitivity property for the Hurwitz action of the braid groupBnon certain factorisations. Chapter 2 is devoted to certain finite polynomial extensions, and to properties about their Jacobians and discriminants. In Chapter 3, these results are applied to the extension defined by the coveringLL. We deduce - with a case-free proof - formulas for the number of submaximal factorisations of a Coxeter element inW, in terms of the homogeneous degrees of the irreducible components of the discriminant and

Jacobian forLL.

Keywords

Complex reflection groups, noncrossing partitions, Fuss-Catalan numbers, Chapoton"s for- mula, Lyashko-Looijenga covering, factorisations of a Coxeter element.

Table des matièresIntroduction9

0.1 Le treillis des partitions non-croisées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

0.2 Motivations algébriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

0.3 Combinatoire de Coxeter-Fuss-Catalan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

0.4 Géométrie du discriminant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

0.5 Principaux résultats de la thèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

1 Orbites d"Hurwitz des factorisations primitives d"un élément de Coxeter 27

1.1 Ordre de divisibilité dansncpW. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32

1.2 Action d"Hurwitz sur les factorisations primitives et conjugaison forte dansncpW33

1.3 Le morphisme de Lyashko-Looijenga . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35

1.4 Factorisations géométriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38

1.5 Etude deLLsur les stratesEλ. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41

1.6 Stratification deHet éléments de Coxeter paraboliques . . . . . . . . . . . . . 43

1.7 Composantes connexes par arcs deY0k. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47

1.8 Forte conjugaison, et cas des réflexions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49

2 Discriminants and Jacobians of virtual reflection groups 51

2.1 Motivations and main theorem . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51

2.2 Jacobian and different of a finite graded polynomial extension . . . . . . . . . . 53

2.3 Geometric properties . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57

2.4 Well-ramified extensions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59

3 Geometry of LL and submaximal factorisations 63

3.1 Lyashko-Looijenga morphisms and factorisations of a Coxeter element . . . . . 63

3.2 Lyashko-Looijenga extensions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65

3.3 The Lyashko-Looijenga extension as a virtual reflection group . . . . . . . . . . 70

3.4 Combinatorics of the submaximal factorisations . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70

3.5 Chapoton"s formula and submaximal factorisations . . . . . . . . . . . . . . . . 73

A Numerical data for the factorisations75

A.1 Description . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75 A.2 Computations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78

B Chains, multichains and block factorisations 83

B.1 Multichains and factorisations in an ordered group . . . . . . . . . . . . . . . . 83 B.2 Formulas for block factorisations of a Coxeter element . . . . . . . . . . . . . . 84

8Table des matières

Bibliographie87

Introduction

Le point de départ des travaux de cette thèse était d"essayer de comprendre une formule qui exprime le nombre de chaînes de longueur donnée dans le treillis des partitions non-

croisées associé à un groupe de réflexionW, en fonction des degrés invariants deW. J"ai ainsi

été amené à étudier les relations entre la combinatoire du treillis et la géométrie deW, et

plus précisément à faire le lien entre certaines factorisations d"un élément de Coxeter et le

revêtement de Lyashko-Looijenga deW. Ce chapitre introductif vise à présenter les principaux personnages : - les groupes de réflexion complexes bien engendrés; - le treillis des partitions non-croisées de typeW, pourWun tel groupe; - le revêtement de Lyashko-Looijenga associé àW; - les factorisations par blocs d"un élément de Coxeter deW. La première partie introduit le treillis des partitions non-croisées de typeW, un objet

combinatoire très riche, qui étend la notion de partitions non-croisées d"unn-gone. Les parties

0.2, 0.3 et 0.4 donnent un aperçu des aspects combinatoires, algébriques, et géométriques de

cet objet et des autres structures étudiées. On y expose l"état de l"art et le contexte historique

dans lequel s"inscrit ce travail. Dans la partie 0.5 on présente les principaux résultats de la thèse.

0.1 Le treillis des partitions non-croisées

0.1.1 Partitions non-croisées classiques

Soitnun entier non nul. Considéronsnpoints du plan, disposés sur les sommets d"unn-

gone régulier, et étiquetés1,...,ndans le sens des aiguilles d"une montre. Étant donnée une

partition de l"ensemble{1,...,n}, on peut tracer dans le polygone les enveloppes convexes des parts de la partition. On dit que celle-ci estnon-croiséesi ces enveloppes convexes ne s"intersectent pas deux à deux (dans le cas contraire, elle est dite croisée).

Si l"on préfère une définition combinatoire, on a la caractérisation suivante : une partition

la même partP, alorsjetlsont soit dans des parts distinctes, soit tous deux dans la partP

également.

L"ensemble des partitions non-croisées d"unn-gone (que l"on noterancpn) est un ensemble

plus fine queβ). C"est de plus un treillis pour cet ordre, c"est-à-dire qu"il existe des infs et des

sups (cf. définition 0.5).

10Introduction

9 1 2 4 5 68
3 7 91
2 4 5 68
3 7 Fig.1: La partitionP1={{1,4,5},{2,3},{6,7,9},{8}}est non-croisée; la partitionP2= {{1},{2,4,6},{5},{3,7,8,9}}est croisée. Le treillisncpnest l"un des nombreux objets combinatoires comptés par le nombre de

Catalan :

|ncpn|= Cat(n) =1 n+ 1? 2n n?

La première étude détaillée des partitions non-croisées date de 1972, par Kreweras [Kre72]

(pour plus de détails sur l"historique du problème, on renvoie à Stanley [Sta99, pp. 261-262]

et Armstrong [Arm09, p. 5]). Le treillis est devenu depuis un objet classique en combinatoire algébrique (cf. l"article de synthèse de Simion [Sim00]).

Plus récemment, l"intérêt pour les partitions non-croisées s"est diversifié. Elles sont étudiées

en lien avec la théorie des probabilités libres de Voiculescu (voir les synthèses de Speicher

[Spe97] et Biane [Bia02]), et dans de nouveaux problèmes combinatoires (voir par exemple les fonctions parkings [Sta97b]). Surtout, elles interviennent dans de nombreuses situations

algébriques (théorie des groupes, théorie des représentations) sur lesquelles nous reviendrons

plus loin dans cette introduction. On renvoie à l"article [McC06] de McCammond pour un

tour d"horizon des diverses incarnations des partitions non-croisées découvertes ces dernières

années.

Depuis la fin des années 90, la structure combinatoire a été généralisée dans le contexte

des groupes de réflexion finis (réels, puis complexes), le cas dun-gone correspondant au type W(An-1),i.e.au groupe de permutationsSn. Pour expliquer cette généralisation, commen- çons par donner une autre interprétation des partitions non-croisées. A chaque partitionP(croisée ou non) d"unn-gone, on peut associer une permutationσ

deSn, qui est le produit des cycles donnés par chaque part deP, ses éléments étant pris dans

le sens des aiguilles d"une montre : voir les diagrammes de la figure 2. On peut alors montrer que les partitions non-croisées correspondent exactement aux per- mutations qui se situent sur une géodésique entre la permutation identité et len-cyclec= (1 2... n)dans le graphe de Cayley de(Sn,T), oùTest l"ensemble de toutes les transposi- tions deSn. Ainsi, l"ensemble des partitions non-croisées est en bijection avec l"ensemble des permutationsσdeSntelles que

T(σ) +?T(σ-1c) =?T(c),

0.1. Le treillis des partitions non-croisées11

91
2 4 5 68
3 791
2 4 5 68
3 7 Fig.2: Les permutationsσ1= (1 4 5)(2 3)(6 7 9)etσ2= (2 4 6)(3 7 8 9), correspondant aux partitionsP1etP2de la figure 1.

où?T(σ)désigne le nombre minimal de transpositions nécessaires pour écrireσ(on a?T(σ) =

n-#{cycles deσ}). Sous cette forme, en voyant le groupeSncomme un groupe de Coxeter de

typeA, on peut généraliser la notion de partitions non-croisées à tous les groupes de Coxeter

finis (et à certains groupes de réflexion complexes).

0.1.2 Généralisation aux groupes de réflexion

Dans la suite, sauf mention explicite du contraire, tous les groupes de réflexion seront supposésfinis.

Groupes de Coxeter finis

Soit un groupe de réflexion réel finiW, c"est-à-dire un sous-groupe fini deGL(V)(oùVest

un espace vectoriel réel), engendré par des réflexions. La théorie de Coxeter permet d"étudier

ce type de groupe de manière combinatoire, en fixant un ensemble de générateurs particuliers,

notéS, tel que(W,S)ait une présentation très remarquable. On renvoie aux livres [Kan01],

[Hum90], ou [Bou68] pour plus de détails sur les groupes de Coxeter et les groupes de réflexion

finis. Pour construire les partitions non-croisées de typeW, on munit au contraireWd"une

autre partie génératrice, notéeR, et constituée detoutesles réflexions deW. Dans le cas

d"un groupe de typeA, on retrouve l"ensemble de toutes les transpositions, notéTdans le paragraphe précédent 1. Définition 0.1.On note?R(w)la longueur d"un élémentwdeWen tant que mot sur l"alphabetR,i.e.

R(w) = min{p?N| ?r1,...,rp? R,w=r1...rp}.

Sir1...rp=w, avecp=?R(w), on dit que(r1,...,rp)est une décomposition réduite dew. On définit un ordre partiel?RsurW, en disant queu" divise »vsi et seulement siupeut

1. L"ensemble de toutes les réflexions deWest d"ailleurs par extension notéTpar plusieurs auteurs (cf.

[Bes03] ou [Arm09]); on préfère ici la notationRpour " réflexions ».

12Introduction

s"écrire en préfixe d"une décomposition réduite dev,i.e.: u?Rvsi et seulement si?R(u) +?R(u-1v) =?R(v). On notera simplement?et?, plutôt que?Ret?R, s"il n"y a pas d"ambiguïté; l"ordre? est parfois appelé ordre absolu surW(et?longueur absolue)2. Remarque 0.2.Le diagramme de Hasse pour cet ordre partiel est donné par le graphe de Cayley de(W,R)(en effet, siw?Wetr? R, on a nécessairement?R(rw) =?R(w)±1, car les réflexions ont pour déterminant-1). Le rôle dun-cycle dans le typeAva être joué ici par unélément de CoxeterdeW, c"est-à-dire un produit (dans n"importe quel ordre) de toutes les réflexions par rapport aux murs d"une chambre donnée de l"arrangement d"hyperplans deW(cf. par exemple [Kan01,

29.1]). L"ensemble des éléments de Coxeter deWforme une classe de conjugaison constituée

d"éléments de longueur?Rmaximale dansW(en typeA- mais pas dans le cas général - on

obtient tous les éléments de longueur maximale,i.e.les cycles maximaux). Fixons un élément

de Coxeterc. On définit ainsi l"ensemble des partitions non-croisées de typeW: ncp

W(c) ={w?W|w?c}.

Soientcetc?deux éléments de Coxeter. Comme la longueur?Rest invariante par conjugai- son, et quecetc?sont conjugués,ncpW(c)etncpW(c?)sont isomorphes en tant qu"ensembles ordonnés. Du coup, tant qu"on peut travailler à isomorphisme près, on notera simplement ncpW. On peut montrer (et ce n"est pas évident, voir paragraphe 0.3.1), que, comme pour le type A, l"ensemble partiellement ordonné(ncpW,?)est un treillis.

Groupes de réflexion complexes

Dans [Bes07a], motivé par des questions géométriques sur les groupes de tresses généralisés

(cf. partie 0.2), Bessis montre que la définition dencpWpeut s"étendre au cas oùWest un

groupe de réflexion complexe bien engendré. Rappelons quelques définitions (plus de détails

sont donnés au paragraphe 0.2.2). SiVest unC-espace vectoriel de dimensionn≥1, uneréflexion3est un élémentrde GL(V), d"ordre fini, et tel queKer(r-1)soit un hyperplan deV. Son unique valeur propre distincte de1est donc une racine de l"unité, qui n"est pas nécessairement-1comme dans le cas réel. Ungroupe de réflexion complexe(fini) est un sous-groupe fini deGL(V)engendré par des

réflexions. Tout groupe de réflexion réel fini peut bien sûr se voir comme un groupe complexe,

en complexifiant l"espace vectoriel sur lequel il agit. Cependant, on obtient avec cette définition

de nombreux nouveaux groupes de réflexion non-réels (et ce même dans le cas où toutes les

réflexions du groupe sont d"ordre2). La théorie de Coxeter ne s"applique pas à ces groupes. Mais comme les définitions de l"ordre?et de la longueur?vues plus haut sont relatives à

2. Il ne doit pas être confondu avec l"ordre plus classique?Ssur les groupes de Coxeter, défini par la

longueur? Srelative à un système de réflexions fondamentales, ou encore avec l"ordre de Bruhat.

3. Certains auteurs utilisent le termepseudo-réflexion; on préfère ici utiliser simplementréflexionquand

le cadre est un espace vectoriel complexe.

0.1. Le treillis des partitions non-croisées13

l"ensembleRde toutes les réflexions deW, on peut les étendre telles quelles aux groupes de réflexion complexes. On construit ainsi, comme dans le cas réel, un ensemble partiellement ordonné(W,?), dont la structure provient de la longueur de réflexion?. Notons que la situation est plus subtile que dans le cas réel : comme les réflexions ne sont pas forcément de déterminant-1, on peut théoriquement avoir?R(wr) =?R(w)pourw?W etr? R(et ceci se produit effectivement dans certains cas); la remarque 0.2 sur le lien entre le diagramme de Hasse de?et le graphe de Cayley de(W,R)n"est donc plus valide. On verra

cependant que, si l"on se restreint aux diviseurs d"un élément de Coxeter, ce problème ne se

pose plus. SiWest un groupe de réflexion complexe qui agit de façon essentielle4sur l"espaceVde dimensionn, on dit queWestbien engendrés"il peut être engendré parnréflexions (c"est le cas pour tous les groupes réels, mais pas pour tous les groupes complexes). SiWest bien

engendré, il existe une généralisation naturelle de la notion d"élément de Coxeter (voir la

définition 1.6 du chapitre 1). On peut ainsi donner la définition générale de l"ensemble des

partitions non-croisées de typeW. Définition 0.3.SoitWun groupe de réflexion complexe bien engendré, etcun élément de Coxeter deW. On note?l"ordre surWdéfini par laR-longueur (cf. Déf. 0.1). Le treillis des partitions non-croisées de typeWest l"intervalle[1,c]pour l"ordre?: ncp

W(c) ={w?W|w?c}.

Il s"avère que la structure combinatoire de cet ensemble est alors très similaire au cas réel;

en particulierncpWest encore un treillis. Au paragraphe 0.2.2 on donnera une interprétation algébrique de ce treillis.

Historique et références

Le treillis des partitions non-croisées de typeWest un objet à la combinatoire très riche,

et également très utile pour comprendre la structure et la géométrie des groupes de réflexion;

on développe ces questions en 0.2 et 0.3. Cette généralisation est apparue à la fin des années

90, de façon indépendante dans différents domaines mathématiques.

Travaillant en combinatoire algébrique, Reiner introduit des partitions non-croisées de typesBetDdans [Rei97]. Du côté de la théorie des groupes, la construction du monoïde de Birman-Ko-Lee dans [BKL98] suscite deux axes de recherche indépendants donnant une définition algébrique dencpW: voir d"une part Bessis-Digne-Michel [BDM02] (suivi de l"article [Bes03]), d"autre part Brady-Watt [Bra01, BW02b, BW02a]. Toujours dans la même période,

des problèmes en théorie des probabilités libres motivent également la construction de certaines

généralisations (Biane-Goodman-Nica [BGN03]). En janvier 2005 une rencontre est organisée à l"American Institute of Mathematics, ras- semblant pour la première fois tous les chercheurs de domaines divers travaillant sur ce même objet : il en résulte une longue liste de problèmes ouverts (cf. [Arm05]). Pour plus de détails historiques, on renvoie au chapitre 4.1. dans [Arm09]. Ici on va s"in-

téresser tout particulièrement aux motivations algébriques liées aux groupes de réflexion et

monoïdes de tresses.

4. c"est-à-dire queVW={0}: en tant queW-module,Vn"a pas de composante irréductible triviale.

14Introduction

0.2 Motivations algébriques

0.2.1 Groupes de tresses

SoitW?GL(V)un groupe de réflexion complexe, etRl"ensemble de toutes ses réflexions.

On définit l"arrangement d"hyperplans deW:

A:={Ker(r-1)|r? R},

et l"espace des points réguliers : V reg:=V-?

H?AH .

Le groupeWagit naturellement5surVreg, et on définit :

B(W) :=π1(W\Vreg),

le groupe de tresses deW. PourW=Sn(i.e.le groupe de CoxeterW(An-1)), on retrouve le groupe de tresses usuel ànbrins. Dans le cas oùWest un groupe réel (complexifié), la théorie de Coxeter permet de com- prendre la structure deB(W). Si l"on choisit une chambreCde l"arrangement réel (i.e.une composante connexe de l"espace des points réguliersréels), alors l"ensembleS? Rformé des réflexions par rapport aux murs deCengendreW, et l"on a uneprésentation de Coxeter: W??S? ??s?S,s2= 1 ;?s,t?S(s?=t), sts...? m s,t =tst... m s,t groupe,(1) oùms,test l"ordre du produitst. D"après un théorème de Brieskorn ([Bri71]), le groupe de tressesB(W)est isomorphe au groupe d"Artin-Tits deW, défini par la présentation suivante6:

A(W,S) :=?S?

??s,t?S(s?=t), sts...? m s,t =tst... m s,t groupe.(2) Deligne et Brieskorn-Saito, dans les deux articles fondateurs [Del72, BS72], ont étudié la structure deB(W), notamment en construisant une forme normale dansA(W,S)(y résolvant ainsi le problème des mots), et en établissant que lemonoïde d"Artin-TitsA+(W,S)(défini par la présentation (2), mais en tant que monoïde) se plonge dans son groupe des fractions

A(W,S).

Cette méthode n"offre par contre aucune prise sur les groupes de réflexion complexes,quotesdbs_dbs47.pdfusesText_47
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