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En écho aux contributions qui composent ces Mélanges, on trouvera aussi en fin d"ouvrage un texte de Jean-Louis Le Moigne, témoignage de sa réflexion d"universitaire " engagé ». Loin de lui laisser ainsi le soin de con- clure, il s"agit pour nous de pennettre symboliquement qu"entre systémique et complexité, chemin faisant..., se prolongent les échanges de qualité, que Jean- Louis Le Moigne a souvent provoqués et toujours appréciés.

Claude

GAMEL,

professeur à l"Université d"Aix-Marseille directeur du GRASCE Retrouver ce titre sur Numilog.com

Notice biographique

sur Jean-Louis Le

Moigne

Jean-Louis

Le Moigne est né le 22 mars 1931 à Casablanca (Maroc).

Arrivé en

France en 1933, il suivra l"ensemble de sa scolarité à Paris. Après avoir passé ses années de " taupe » au lycée Chaptal, il intègre l"École centrale de Paris en septembre 1952 et se destine à une carrière d"ingénieur. A sa sortie de l"ECP en 1956, il est mobilisé pendant trente longs mois de service militaire en Algérie. De retour en France, il épouse Maguy Danion en avril 1959 : trois enfants, nés en 1960, 1963, et 1965, viendront ensuite élar- gir le cercle familial. Le jeune ingénieur s"intéresse de près à la recherche opérationnelle, une nouvelle science » qui se développe depuis peu et qu"il a découverte en

1954 : elle semble relever de nouveaux défis dans le domaine de l"aide à la

décision. La compagnie pétrolière Shell-France l"embauchera à son retour d Algérie et lui permettra d"assouvir cette passion en intégrant son équipe de calcul économique et de RO après une période de " mise à l"épreuve » dans un service de R&D sur les lubrifiants-moteurs. Il vit cette période avec enthousiasme et progresse rapidement dans la hiérarchie de la compagnie : à 35
ans, il est responsable du Plan central de Shell-France ; il sera nommé ensuite Directeur de l"organisation logistique pour l"ensemble de la région

Sud-Ouest

en 1967. Le développement et l"utilisation quotidienne des modèles de RO constituent pour lui une expérience grisante, bien qu"il soit conscient du fait que ce ne sont que des modèles parmi tant d"autres qu"il reste encore à imaginer pour aider les responsables d"entreprises à décider en sltuation complexe

En 1970,

le PDG de Shell-France, qui connaît et apprécie son esprit cri- tique et créatif, lui propose de tenter l"aventure de l"enseignement des " nou- velles sciences du management » à l"Université - dans le cadre d"un plan ministériel, soutenu par la FNEGE, dont le but est d"irriguer l"enseignement Retrouver ce titre sur Numilog.com universitaire par les réflexions que des responsables d"entreprise de haut niveau ont pu tirer de leur expérience professionnelle.

Jean-Louis

Le Moigne accepte cette proposition singulière. Il commence par suivre un programme international de fonnation aux États-Unis - à Har- vard et à la Sloan School of Management du MIT - en 1970-1971, où il ren- contrera notamment les P Zannetos et Simon. De retour d"Amérique, il sera nommé " professeur-associé » en novembre 1971 à l"Université d"Aix - Mar- seille III. La portée scientifique, l"originalité et la diffusion nationale et inter- nationale de ses travaux de recherche lui permettront d"être intégré définiti- vement dans le corps des professeurs d"Université en septembre 1986.

Cofondateur puis directeur

du G PAS CE à l"Université d"Aix - Mar- seille III, membre actif de l"AFCET et de nombreux comités scientifiques et d"organisation de revues de recherche de diffusion internationale et de con- grès scientifiques internationaux, fondateur et président de l"AEMCX cofon- dateur et président du club d"épistémologie de l"Université d"Aix - Mar- seille III, fervent animateur de groupes de réflexion destinés aux dirigeants et managers d"entreprises, Jean-Louis

Le Moigne ne s"est pas contenté de déve-

lopper des problématiques de recherche originales et prometteuses : il a aussi fourni une énergie considérable pour favoriser la diffusion et l"application de ces recherches dans les domaines les plus divers. Au cours des vingt-cinq années pendant lesquelles il aura été enseignant- chercheur, ses thèmes de recherche ont sensiblement évolué : on peut rendre compte succinctement de la logique de cette progression en se risquant à dis- tinguer trois étapes dans la genèse de sa pensée 1 / Jean-Louis Le Moigne est issu de la recherche opérationnelle et de l"informatique de gestion : il était tout à fait naturel que ses premières recher- ches portent sur les systèmes d"information et de décision dans les organisa- tions socio-économiques. Mais ces premières réflexions - qu"il continuera à entretenir par la suite - le conduisent à chercher à définir la notion de " sys- tème » elle-même. Or, s"il existe bel et bien un " état de l"art » alléchant sur la question - des " approches » de divers phénomènes par la notion de sys- tème -, on ne peut toutefois pas conclure à l"existence d"une véritable théorie des systèmes...

Un nouveau programme de recherche s"amorce ainsi.

2 / Dans une deuxième phase, Jean-Louis Le Moigne s"efforcera de pré- senter la théorie des systèmes comme une métathéorie : une théorie de la 1.

Cf. la bibliographie incluse dans cet ouvrage : le nombre de publications que Jean-Louis Le Moigne comptait à son actif dès cette époque était déjà impressionnant... 2.

Le GRASCE, Groupe de recherche sur l"adaptation, la systémique et la complexité écono- mique, était jusqu"en 1997 une Unité de recherche associée au CNRS (avant 1990, le sigle signifiait : Groupe de recherche en analyse de système et calcul économique). 3. Association française pour la cybernétique économique et technique. 4.

Association européenne pour la modélisation de la complexité (aujourd"hui associée avec l"Association pour la pensée complexe présidée par Edgar Morin). 5.

On évitera ici une approche purement chronologique qui ne pourrait pas rendre compte cor- rectement d"une progression qui n"est pas linéaire, mais qui suit au contraire des cheminements com- plexes, à la fois parallèles et enchevêtrés, imbriqués les uns dans les autres. Retrouver ce titre sur Numilog.com

modélisation (par contraste avec l"analyse) qui consiste à théoriser ses actions réfléchir pour mieux agir) comme et par un système en général. La cons- truction de cette métathéorie lui permet notamment de mieux rendre compte des phénomènes informationnels et décisionnels qui l"intéressent toujours vivement - en exploitant avec bonheur les hypothèses de " rationa- lité procédurale » et de " système de traitement d"information », défendues par H. A. Simon. Mais de nouvelles perspectives de réflexion s"ouvrent encore... 3 / La construction de la science des systèmes l"incite en effet à pour- suivre ses recherches dans plusieurs directions. Primo, la théorie des systèmes doit chercher ses fondements épistémologiques ailleurs que dans les ortho- doxies positivistes : nul ne peut en effet démontrer l"existence positive des systèmes » dans la nature... Pourtant, ce concept peut être considéré comme suffisamment pertinent pour constituer une connaissance " actionnable », pour lier les savoirs et les faire : il faut donc argumenter et développer des

épistémologies

alternatives - les épistémologies constructivistes. Ces investi- gations épistémologiques le conduiront notamment à rencontrer la pensée de

Jean Piaget

et à explorer la riche expérience épistémologique accumulée par le structuralisme. Secundo, la théorie des systèmes est susceptible de rendre compte des démarches ingeniériales en général - l"utilisation de la cyberné- tique par les ingénieurs en est un témoignage. Les " nouvelles sciences » de l"ingénierie trouvent ainsi de sérieux fondements épistémologiques dans le constructivisme. Cette perspective théorique se conjugue à merveille avec la démarche originale de Herbert A. Simon, qui considère la science des systè- mes comme une science de l"artificiel : l"économie, les sciences de gestion, la théorie des organisations (et tant d"autres " nouvelles sciences »...) partagent peu de points communs avec les sciences de la nature, et peuvent être utile- ment appréhendées à la manière des sciences de l"ingénieur - ces sciences qui ont pour but de construire des artefacts évolutifs, de mettre en œuvre des projets humains pour l"action humaine. Tertio, la construction de la science des systèmes vise à rendre compte de phénomènes complexes - irréductibles un modèle analytique, causaliste, déterministe, simple - en perpétuelle évo- lution. Jean-Louis Le Moigne rejoint ici la pensée complexe que cherche à

élaborer Edgar Morin

en privilégiant l"hypothèse d"auto-éco-ré-organisation des phénomènes complexes : la théorie des systèmes est en effet une méthode de modélisation qui permet de rendre compte du caractère fondamentale- ment téléologique, irréversible et récursif des phénomènes auto-organisés, auxquels le modélisateur attribue un certain degré d"autonomie. On débouche ainsi sur ce que Jean-Louis Le Moigne appelle son Triangle d" or, le triptyque référentiel fondamental dans lequel il puise une inspiration sans cesse renouvelée : Morin, Piaget et Simon.

Certes, ce

parcours intellectuel atypique l"aura maintes fois conduit à être confronté à de vives controverses ou à des difficultés matérielles... Elles n" auront jamais eu raison, pourtant, de son enthousiasme et de sa volonté de convaincre

: esprit curieux et cultivé, il a toujours su opposer à la critique une Retrouver ce titre sur Numilog.com

Table des auteurs ayant contribué à ces " Mélanges » Henri Bartoli, professeur émérite de sciences économiques à l"Université de Paris I Panthéon-Sorbonne, vice-président de la Société européenne de culture.

Robert

Delonne, professeur de sciences économiques à l"Université de

Versailles, chercheur

au Centre d"études prospectives d"économie mathéma- tique appliquée à la planification (CEPREMAP).

Olivier

Favereau, professeur de sciences économiques à l"Université de Paris X - Nanterre, directeur du FORUM (Fondements des organisations et des régulations de l"univers marchand).

Louis-André Gérard-Varet,

directeur d"études à l"École des hautes études en sciences sociales (EHESS), directeur du Groupement de recherche en éco- nomie quantitative d"Aix-Marseille (GREQAM), président de l"Association française de science économique (1998-1999). Ernst von Glasersfeld, professeur à l"Université du Massachusetts (États-

Unis),

membre du Scientific Reasoning Research Institute (SRRI). Jean-Blaise Grize, professeur honoraire à l"Université de Neufchâtel (Suisse), docteur ès sciences mathématiques, ancien directeur du Centre de recherches sémiologiques de l"Université de Neufchâtel.

Georges-Yves Kervern, dirigeant

d"entreprises, président d"honneur de l" Association des cadres dirigeants de l"industrie pour le progrès social et éco- nomique ; administrateur-fondateur de l"Institut européen de cybernétique.

Alain Leroux, professeur de

sciences économiques à l"Université d"Aix-

Marseille

(GREQAM).

Jacques

Lesourne, ancien professeur titulaire de la chaire d"économie et de statistiques industrielles au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), ancien directeur du journal Le Monde.

Philippe

Lorino, professeur de sciences économiques et de gestion à l"

École supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC). Retrouver ce titre sur Numilog.com

Edgar Morin, directeur de recherches émérite au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), président de l"Association pour la pensée complexe (APC).

Mioara

Mugur-Schachter, professeur de physique théorique, présidente du Centre pour la synthèse d"une épistémologie formelle (CeSEF).

Bertrand

Munier, professeur des universités, directeur du département d"économie-gestion à l"École normale supérieure de Cachan, directeur du

Groupe

de recherche sur le risque, l"information et la décision (GRID).

Herbert A.

Simon, professeur de sciences économiques à l"Université

Carnegie Mellon

de Pittsburgh (États-Unis), prix Nobel de sciences écono- miques

1978, médaille Turing (Sciences informatiques) 1975.

Pierre

Tabatoni, professeur honoraire de l"Université Paris IX - Dau- phine,quotesdbs_dbs29.pdfusesText_35

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