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La responsabilité des dirigeants de société : les avancées jurisprudentielles (1re partie)

Romain Sabatier

Méryl Herat

Les récents développements qui ont marqué la place du Luxembourg et l"inévitable renforcement de la substance dans les structures de financement ou d"acquisition mises en place au Grand-Duché de Luxembourg, nous ont amenés à nous intéresser de plus près au rôle des gérants et administrateurs de ces structures et, plus précisément, aux charges et aux obligations qu"impose l"acceptation d"un man- dat de dirigeant. L"accroissement des responsabilités mises à la charge des dirigeants 1 s"explique par l"in- tensification des débats sur la substance et lacorpo- rate governance, mais également par la nécessité pour le législateur, et ce malgré l"instauration de la responsabilité pénale des personnes morales avec la loi du 3 mars 2010, de responsabiliser une personne physique capable d"influer effectivement sur le dé- veloppement de la société et sur son respect de la lé- gislation en vigueur. Chaque professionnel de la place et chaque candidat aux fonctions de dirigeant doit en être conscient et nous souhaitons les y sensi- biliser par la présente contribution. Le présent article se propose d"offrir une illustration de la responsabilité personnelle des dirigeants dé- coulant de l"article 59 de la loi du 10 août 1915 sur les sociétés commerciales (la " Loi ») au regard des récents apports jurisprudentiels luxembourgeois en la matière, étant précisé qu"il est rarement offert aux juridictions luxembourgeoises de se prononcer sur ces questions, puisqu"il semble que, pour des raisons de confidentialité, les sociétés préfèrent faire appel à l"arbitrage, ainsi qu"aux services des assurances pro- fessionnelles pour le règlement et l"indemnisation des litiges. Une contribution séparée regroupera l"éventail des autres responsabilités spéciales incombant aux diri-

geants, telles que celles relatives aux actes de leurspréposés ou encore en matière de faillite ou d"envi-

ronnement.

TABLE DES MATIÈRES

1. La responsabilité contractuelle basée sur le mandat social,

l"actio mandati 18

1.1. La qualité du demandeur 19

1.2. La qualité du défendeur 20

1.3. Faute de gestion 20

1.4. Conséquences de la mise en œuvre de cette

responsabilité 22

2. La responsabilité aggravée pour violation de la Loi ou des

statuts de la société 23

2.1. La qualité du demandeur 23

2.2. La qualité du défendeur 25

2.3. Les violations de la Loi ou des statuts de la société 26

2.4. Conséquences de la mise en œuvre de cette

responsabilité 26 L'article 58 de la Loi décline toute responsabilité so- ciale des dirigeants de sociétés commerciales en indi- quant que "les administrateurs ne contractent aucune obligation personnelle relativement aux engagements de la société». Néanmoins, l'article 59, quant à lui, met bien à la charge des dirigeants une responsabilité personnelle qui sera de nature contractuelle à l'égard de la société en raison du contrat de mandat qui lie ces deux protagonistes, et de nature délictuelle envers les tiers. L'introduction subsidiaire d'une action basée sur les articles 1382 et 1383 du Code civil demeure toujours possible et s'avère très usitée en pratique, mais elle devra, le cas échéant, respecter les règles générales en matière de concours de responsabilité aquilienne et contractuelle si, par exemple, les deux fautes consti- tuent simultanément une violation à une obligation de droit commun. Le Tribunal d'arrondissement de

Luxembourg, dans un jugement du 24 octobre 2008

2

1. Dansunsoucideclarté,nousneprocèderonspasàlatraditionnelledistinc-

tion entre les règles régissant respectivement la société anonyme et la so-

intérêt limité en la matière, il ne sera pas précisé si les jugements mention-nésdansleprésentarticleconcernentdesgérantsdesociétéàresponsabi-

lité limitée ou des administrateurs de société anonyme.

2.B.I.J., février 2009, p. 29.

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n° 84 529 et n° 106 650, nous rappelle ces règles en indiquant que la responsabilité délictuelle du diri- geant ne peut être mise en jeu par la société qu'à la condition que la faute soit détachable de ses fonctions de dirigeant. Pour ce faire, il faut que la faute soit in- tentionnelle, d'une particulière gravité et incompa- tible avec l'exercice normal de ses fonctions sociales. Il est de jurisprudence constante que cette responsabi- lité pèse sur les dirigeants, mais également sur les dé- légués à la gestion journalière. Toutefois, tel que rap- pelé dans un jugement du Tribunal d'arrondissement de Luxembourg en date du 3 juillet 1987 3 , n° 36 875, l'actionnaire n'entre pas dans le champ d'application de l'article 59 de la Loi et sa responsabilité person- nelle ne peut donc pas être inquiétée sur cette base légale. De manière générale, la mise en jeu de la responsabi- lité d'autrui nécessite la réunion de trois éléments : une faute, un dommage, ainsi qu'un lien de causalité. Dans le cadre de l'article 59 de la Loi, la théorie de la causalité adéquate est généralement retenue par les mage, il faut différencier selon qu'il soit couvert par la responsabilité contractuelle ou par la responsabilité délictuelle, étant entendu qu'envers la société, seul le dommage prévisible est à réparer, alors qu'envers les tiers la réparation du dommage imprévisible est géné- ralement acceptée. Puisque commune à l'application des deux alinéas de l'article 59 de la Loi, nous aborderons, préalablement aux développements propres à chaque alinéa, la pres- cription. Conformément à l'article 157 de la Loi, l'ac- tion en responsabilité à l'encontre des dirigeants est prescrite par cinq ans, à la condition que le fait géné- rateur soit "un fait de leur fonction». La 5 e chambre de la Cour d'appel de Luxembourg a indiqué, dans un arrêt du 5 novembre 2013 4 , n° 539/13 V, que cette ex- pression implique tous les actes des dirigeants "rela- tifs à l'administration et à la surveillance de la so- ciété, soit qu'ils aient commis des fautes dans le cadre de leur gestion en restant dans les limites de leurs at- tributions, soit qu'ils aient outrepassé leurs pouvoirs, du moment où ils ne se sont pas rendus coupables de dol et de fraude». En l'espèce, les dirigeants étaient accusés d'escroquerie. Les juges ont estimé que cette infraction avait été commise indépendamment du agi dans un but purement personnel et sous couvert de leur qualité de dirigeant. Ainsi, la prescription de cinq ans a été écartée au profit de celle de droit com- mun. A l'inverse, le jugement du Tribunal d'arrondissementde Luxembourg rendu par la 15 e chambre siégeant en matière commerciale le 23 mai 2007, n° 674/07, nous offre un exemple où la prescription quinquennale a été retenue. En l'espèce, les actionnaires minoritaires estimaient avoir été lésés dans leurs droits suite à la conclusion par l'assemblée générale d'une convention d'abandon de créance et de cession d'actif au profit d'un tiers par des actionnaires ayant un intérêt per- sonnel à cette cession. Le tribunal a relevé à l'encontre des dirigeants qu'il s'agissait de faits de leurs fonctions et a dès lors retenu la prescription quinquennale. Ce- pendant, le tribunal a également retenu que le point de départ de cette prescription était la date à laquelle s'était tenue l'assemblée générale de 1996. En effet, c'est à cette date-là que les actionnaires auraient dû se rendre compte de la faute des dirigeants, car c'est lors de cette assemblée générale qu'ils ont approuvé le bilan de l'année 1994 dans lequel la convention liti- gieuse avait été régulièrement publiée. Dès lors, l'ac- tion en responsabilité intentée en mai 2006 contre les dirigeants était prescrite. Enfin, l'article 157 de la Loi précise que le délai de prescription de cinq ans court à partir des faits, voire, s'ils sont celés par le dol, à partir de leur découverte. Dans un arrêt de la Cour d'appel de Luxembourg en date du 7 juillet 2010 5 , les demandeurs ont invoqué le caractère dolosif des manoeuvres exécutées par les dé- fendeurs afin que leur action en responsabilité contre du fond ont rappelé dans cette espèce que le dol n'est pas constitué par la simple non-révélation des faits. En effet, il convient que celui qui garde le silence soit soumis à une obligation morale ou légale de rensei- gner l'autre. En l'espèce, les magistrats ont retenu qu'une telle obligation ne pesait pas sur les défendeurs et donc,a fortiori, que les faits n'avaient pas été celés par le dol.

1. La responsabilité contractuelle baséesur le mandat social, l"actio mandati

Le premier alinéa de l'article 59 de la Loi

6 instaure une responsabilité contractuelle à l'égard du dirigeant. En effet, celle-ci découle du contrat de mandat conclu entre la société, en sa qualité de mandant, et son diri- geant, en sa qualité de mandataire. Face au silence de la Loi, les règles de droit commun du mandat s'appliquent (art. 1984 et suivants du Code civil). Il en résulte, par exemple, que seule la société en sa qualité de mandant sera à même de mettre en jeu la responsabilité du dirigeant quant aux fautes rela- tives à une mauvaise exécution du mandat, ou encore,

3.Pas.28, p. 112.

4.J.T.L., 2014/3, n° 33, pp. 78-81.

5.Pas.3/2011, p. 251.6. Art.59,alinéa1

er sables envers la société conformément au droit commun de l"exécution du

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18- ACE 2015/6 ACE Comptabilité, fiscalité, audit, droit des affaires au Luxembourg - Wolters Kluwer

que la démission du dirigeant de ses fonctions de mandataire n'a pas à être motivée. Nous reviendrons plus en détail sur ces applications lors des développe- ments qui vont suivre.

Nous proposons d'analyser successivement les ap-

(1.1.) et celle du défendeur (1.2.), quant à l'apprécia- tion et la qualification d'une faute de gestion (1.3.) et enfin quant à la mise en jeu effective de la responsabi- lité du dirigeant (1.4.).

1.1. La qualité du demandeur

Conformément à l'effet relatif du contrat, la responsa- bilité du mandataire (i.e., le dirigeant de la société) ne peut être mise en jeu que par le mandant, c'est-à-dire la société qu'il dirige. Le Tribunal d'arrondissement de Luxembourg sié- geant en matière commerciale apporte une limite à ce principe dans son jugement du 22 octobre 2009, n° 1156/2009. Les juges du fond de la 6 e chambre ont indiqué, sans pour autant apporter une explication concrète eu égard aux faits de l'espèce, que la société ne saurait renoncer à une telle action au détriment des créanciers. Le litige opposait un dirigeant à la société pour laquelle il exerçait ses fonctions. Cette dernière, en défaut de pouvoir produire une autorisation préa- lable de l'assemblée générale, a été déboutée de sa de- mande en responsabilité pour cause de détournement d'argent. Théoriquement, puisque l'organe de gestion est le re- présentant légal de la société, il devrait être seul en charge d'intenter une action au nom et pour le compte de la société. Cependant, comme cela fût rappelé dans un jugement du Tribunal d'arrondissement de Luxem- bourg en date du 7 mars 2007, n° 313/07, comment concevoir que celui-ci intente une action en justice contre ses pairs, si ce n'est lorsque le dirigeant pré- sumé fautif n'est plus en fonction au sein de la so- ciété ? Aussi, la jurisprudence a érigé la résolution préalable de l'assemblée générale, adoptée à la majorité simple, en conditionsine qua nonpour intenter une action en responsabilité contre tout dirigeant de société. Dans la décision du Tribunal d'arrondissement du

7 mars 2007, précitée, le litige portait sur la recherche

en responsabilité contre un dirigeant pour des fautes de gestion relatives à la gestion financière de la so- ciété. Le défaut d'autorisation préalable de l'assemblée générale a donc entrainéipso factol'irrecevabilité de la demande. Cette condition jurisprudentielle s'ex- plique également par la possibilité pour l'assemblée

générale de décharger le dirigeant quant à sa respon-sabilité pour l'exercice écoulé. Le cas échéant, cette

décharge pourra donc couvrir les éventuelles fautes de gestion imputables au dirigeant. Une telle ratifica- tion avait justement eu lieu dans la décision précitée du 7 mars 2007. Le dirigeant démissionnaire ayant bé- néficié d'une décharge pour la période pendant la- quelle les actions litigieuses s'étaient déroulées, l'ac- cord préalable de l'assemblée générale pour remettre en question ce quitus était d'autant plus primordial. Nous reviendrons sur la décharge de l'assemblée gé- nérale dans le paragraphe relatif aux possibilités pour le dirigeant de minimiser sa responsabilité person- nelle. Précisons que, contrairement à ce qu'avait invoqué la défenderesse dans un jugement du Tribunal d'arron- dissement de Luxembourg du 13 mai 2002, n° 151/

2002, la mise en cause préalable de la responsabilité

du conseil d'administration n'est pas requise pour pouvoir engager la responsabilité du dirigeant de la société. La résolution préalable de l'assemblée générale reste obligatoire quand bien même l'action en responsabi- lité est intentée contre un dirigeant qui n'est plus en fonction lors de l'assignation en justice. Dans un arrêt rendu le 26 octobre 2011 par la Cour d'appel de

Luxembourg, n° 35 784

7 , la société demanderesse, pour se justifier de l'absence de décision préalable de l'assemblée générale des actionnaires, a vainement tenté de se prévaloir de l'article 63 de la Loi en ce qu'il décidé d'exercer contre les dirigeants l'action sociale, la possibilité de charger un ou plusieurs mandataires de l'exécution de cette délibération. L'effet relatif du contrat de mandat précédemment évoqué, entraîne principalement l'incapacité pour un tiers au contrat d'intenter une action en responsabilité contractuelle à l'égard d'un dirigeant. L'action en res- ponsabilité pour faute de gestion ne pourra donc pas être intentée à titre individuel par un actionnaire ou un associé car celui-ci est considéré par la jurispru- dence comme étant absorbé par la société dès lors qu'il acquiert cette qualité. En effet, la société est dotée d'une personnalité juridique distincte de l'individua- lité des différents actionnaires ou associés qui la com- posent. La jurisprudence luxembourgeoise reste constante en la matière et ce principe fut encore ré- cemment rappelé dans des décisions du Tribunal d'ar- rondissement de Luxembourg en date du 22 oc- tobre 2009 tel que précité, du 10 novembre 2000, n° 674/00, puis du 29 juin 2007 8 , n° 793/07 et du

7 juillet 2010, n° 776/2010. La Cour d'appel de Luxem-

bourg s'est également opposée à une actionut singuli d'un actionnaire lésé dans un arrêt du 10 juillet 2002 9

7.B.I.J., 2012, pp. 142-143.

8.B.I.J., 2007, pp. 170-171.9.B.I.J., 2004, p. 27.

Responsabilité des dirigeants de société : les avancées jurisprudentielles

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n° 23 054, n° 24 097 et n° 26 382 comme étant irrece- vable sur le principe. L'action en responsabilité contractuelle à l'encontre des dirigeants pour faute de gestion est également ou- verte aux curateurs, lorsqu'ils représentent la société, aux liquidateurs et aux commissaires dans le cadre d'une gestion contrôlée. Les créanciers, quant à eux, ne bénéficient pas d'une telle action, mais ils peuvent toutefois agir par le biais d'une action oblique telle que prévue à l'article 1166 du Code civil 10

1.2. La qualité du défendeur

Chaque dirigeant peut être individuellement respon- sable pour les fautes de gestion qu'il a commis. Ainsi, si plusieurs dirigeants ont commis une faute de ges- tion, la société, par le biais de l'assemblée générale des actionnaires ou des associés, devra agir indivi- duellement contre chaque dirigeant. Le dirigeant engage sa responsabilité pour des fautes de gestion commises pendant l'exercice de son man- dat, mais également pour celles qui ont été commises antérieurement, ainsi que pour celles dont les effets ne se font ressentir qu'après sa démission. Nous re- viendrons sur l'aspect temporel de la commission de la faute de gestion dans le paragraphe relatif aux pos- sibilités pour le dirigeant de minimiser sa responsabi- lité personnelle. Il est relativement courant qu'un dirigeant assume également des fonctions salariales au sein de la so- ciété dont il a la gestion. Ainsi, la question du cumul de fonctions est récurrente. Dans le jugement précité du 13 mai 2002, la défenderesse alléguait l'incompé- tence du Tribunal d'arrondissement car elle estimait que, puisque le litige était relatif à son contrat de tra- vail, le Tribunal du travail était compétent. Les juges du fond ont retenu que le Tribunal d'arrondissement n'était pas privé de sa compétence par le seul fait que le litige était relatif à des actes de concurrence dé- loyale. En effet, en l'espèce, les actes de concurrence déloyale constituaient bien une faute par rapport au contrat de mandat. Cette différenciation est également à appliquer en cas de litige relatif à la résiliation abusive du contrat de travail. Une décision rendue par le Tribunal d'arron- dissement de Luxembourg du 15 mars 2001 n° 228/01 illustre qu'en cas de cumul de fonctions, la résiliation abusive du contrat de travail n'est pas constitutive d'une faute de gestion du dirigeant.

1.3. Faute de gestion

De par leur mandat social, il incombe tout d'abord une obligation principale aux dirigeants d'une société commerciale. Celle-ci consiste en la bonne gestion des affaires et la réalisation de l'objet social dans le meilleur intérêt de la société. Bien qu'il soit difficile de définir l'intérêt social au vu des divergences juris- prudentielles et doctrinales en la matière, pour la pré- sente contribution, nous retiendrons qu'il consiste es- sentiellement en la combinaison des intérêts finan- ciers et économiques tels que définis sur le long terme par la société, prise comme une entité juridique auto- nome et distincte de ses actionnaires ou associés. Les dirigeants sont également soumis à des obligations accessoires qui découlent de cette obligation princi- pale, notamment l'obligation de promouvoir la réus- site de la société, le devoir de loyauté envers la société ou encore le devoir de confidentialité. Ne font néanmoins pas partie des obligations acces- soires incombant aux dirigeants, les obligations contractuelles implicites, car non expressément stipu- lées dans le mandat et ne relevant pas habituellement du mandat social. La décision précitée du Tribunal d'arrondissement du 15 mars 2001, illustre cette li- mite. En l'espèce, le litige portait sur l'absence de for- mation de l'ingénieur engagé pour remplacer le diri- geant dans ses fonctions salariales. En effet, le diri- geant, en sa qualité d'ingénieur, n'avait pas, préalable- ment à sa démission, formé l'ingénieur. Les juges du fond ont estimé que cette obligation de formation ne relevait habituellement pas du mandat social et qu'en l'absence de stipulation expresse et spéciale allant dans ce sens, le dirigeant n'avait pas commis de faute de gestion. L'appréciation de la faute de gestion, telle qu'indiquée dans le jugement précité du Tribunal d'arrondisse- ment du 13 mai 2002, s'effectue par rapport à "l'obli- gation générale de compétence 11 , de diligence et de bonne foi qui incombe aux dirigeants». Ces derniers ont le "devoir général et absolu de faire prévaloir l'in- térêt de la société sur leur intérêt personnel». Dans la décision susmentionnée du 15 mars 2001 relative à la question du cumul de fonctions, les juges indiquent qu'ils ne condamnent un dirigeant en raison d'une faute de gestion, que dans les cas où son comporte- ment s'écarte de celui du dirigeant consciencieux, honnête et respectueux des règles normales de la ges- tion des sociétés commerciales. Il en résulte qu'il semble bel et bien que le concept du bon père de fa- mille ait été adapté au monde des affaires, laissant ainsi une marge d'appréciation aux juges qui appré- cierontin abstractola faute à la lumière de ce conceptquotesdbs_dbs42.pdfusesText_42
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