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Lorsque richesses économiques et pouvoirs politiques forcent une

Sous la direction de

Jean Omasombo Tshonda

République démocratique du Congo

HAUT?KATANGATome 1 Cadre naturel, peuplement et politique

Lorsque richesses économiques et pouvoirs

politiques forcent une identité régionale

LE CEP

LE CERDAC

LE CRGM

LE MRAC

Tous droits de reproduction, par quelque procédé que ce soit, d"adaptation ou de traduction, réservés pour tous pays. Toute reproduction

(même partielle), autre qu"à usage pédagogique et éducatif sans fin commerciale, de cet ouvrage est strictement interdite sans l"autorisation

écrite préalable du service des Publications, Musée royal de l"Afrique centrale, 13, Leuvensesteenweg, 3080 Tervuren (Belgique).

Une version en ligne de cet ouvrage est gratuitement consultable sur le site du musée:

Coordinateur du projet "

Provinces »

Jean Omasombo Tshonda

Auteurs du tome 1

Jean Omasombo Tshonda

Pierre Kalenga Ngoy

Médard Kayamba Badie,

Joris Krawczyk

Mohamed Laghmouch

Toutes les photographies sont droits réservés ou sous copyright mentionné. Toute question ou demande d"autorisation doit se faire

par écrit auprès du MRAC, service des Publications, 13, Leuvensesteenweg, 3080 Tervuren (Belgique).

Préface

par Guido Gryseels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

Avant-propos

De la sécession katangaise au Haut-Katanga: réflexions sur plus de cinquante ans d"histoire politique africaine par Herbert F. Weiss

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

Introduction

Origine du nom Katanga

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

PREMI

RE PARTIE

LE HAUTKATANGA PHYSIQUE

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29

Chapitre 1. Géographie : localisation, relief et hydrographie . . . . . . . . . . . . . . . . . 31

Chapitre 2. La végétation

par JoëlleDeWeerdt, BenjaminToirambe, AstridVerhegghen, PierreDefourny, HansBeeckman 43

Chapitre 3. Forêt claire de Miombo?: source d"énergie et d"aliments des populations du Haut-Katanga

par Michel Mpundu Mubemba . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55 Chapitre 4. Les risques naturels dans le Haut-Katanga par Jean-Paul Kakesa Kambembo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65

Chapitre 5. La faune

par Mark Hanssens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75 DEUXI

ME PARTIE

PEUPLES ET OCCUPATION DE L"ESPACE

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85 Chapitre 1. Mouvements migratoires des peuples du Haut-Katanga . . . . . . . . . . 87

Chapitre 2. Peuples et parlers

.119 Chapitre?3. Création de l"Union minière et "?nouvelles immigrations?» 139

Chapitre?4. Population européenne, filières méditerranéennes et communautés juives dans le Katanga colonial.

Regard du XXI

e ?siècle sur les constituants et les évolutions du passé par Sabine Bompuku Eyenga-Cornelis et Malca Levy .171 Chapitre?5. Implantation des missions européennes 185
Chapitre?6. Formation de nouveaux rapports sociaux au Katanga 219
TROISIÈME PARTIE. ORGANISATION POLITICO-ADMINISTRATIVE

ET VÉCU DE LA "SÉCESSION KATANGAISE»

.249

Introduction

.251 Chapitre 1. Évolution de l"organisation politico-administrative à partir de l"EIC .257 Chapitre 2. La sécession katangaise?: vers le déclenchement 313

Chapitre 3. La mise en place de la sécession?: chronique d"une manœuvre politique autour de Moïse Tshombe

339

Chapitre 4. Soutien à la sécession?: présence des Belges au Katanga et différentes interventions

dans un même événement 367

Chapitre 5. Le bras de fer entre le gouvernement belge et les conseillers belges autour de René Clémens

387
Chapitre 6. Sur la marche de la sécession du Katanga?: quelques documents 411

Chapitre 7. La crise congolaise à l"épreuve?du face à face Élisabethville-Léopoldville

.435

Chapitre 8. Après la sécession du Katanga?: reprendre pied dans l"arène politique congolaise

.503 Chapitre 9. La fin de Tshombe à Léopoldville?: le Haut-Katanga sous le régime Mobutu 535
Chapitre 10. Des guerres du Shaba à la chute de Mobutu .557 Chapitre 11. Le Haut-Katanga sous les règnes des Kabila, père et fils 595

Épilogue. Sécession du Katanga et identité katangaise?: enjeux et surcharge par Jean Omasombo

.613

TABLE DES MATIÈRES

683

Carte administrative du Haut-Katanga

Avec deux tomes consacrés à une même province, le projet "Provinces-Décentralisation» du Musée royal de l"Afrique centrale déroge au principe adopté dans la série des monographies parues jusqu"ici. La richesse et la complexité des thématiques étudiées ont imposé le recours à une double publication. Au final, l"unité de ces deux ouvrages puise dans un thème rassembleur:

Haut-Katanga:

lorsque richesses économiques et pouvoirs politiques forcent une identité régionale. En s"arrêtant sur leurs titres respectifs, Cadre naturel, peuplement et politique et

Bassin minier: matrice et horizon

, on observe assez vite qu"il s"agit de coupler l"étude socio-politique à l"étude socio-économique. L"essentiel n"est pourtant pas là, car à l"inverse des réalités souvent décrites dans d"autres provinces de la République démocra tique du Congo, ici le second axe ne constitue pas l"appendice du premier: au Katanga, c" est l"esprit d"entreprise du grand capital financier qui traça l"es pace administratif devenu province, puis transforma son peuplement. La nature et la localisation des res sources naturelles, l"état des moyens technologiques également, ont dicté la conduite de l"occupant euro péen à l"égard des groupes locaux pour tendre vers le contrôle et la mise en valeur de cet espace.

Parmi les quatre entités issues du démembre

ment du Katanga en 2015 dans le cadre du processus de décentralisation en cours, seul le Haut-Katanga continue aujourd"hui de porter le nom de l"an cienne province. Son espace accueille la ville de Lubumbashi (ex-Élisabethville), chef-lieu provin cial et siège administratif de la direction générale de deux anciens fleurons industriels: la Gécamines (ex-Union minière du Haut-Katanga) et la Société

nationale des Chemins de fer du Congo (SNCC). On y trouve aussi Likasi (ex-Jadotville), la deuxième

ville historique du Katanga, qui fut longtemps le premier pôle industriel du pays. Une prégnance éco nomique, politique et symbolique forte certes, mais que les populations originaires ne se sont pas appro prié. On y reviendra. Élisabethville et Jadotville furent construites dans des zones peu peuplées, à proximité des premiers gisements miniers industriels (Étoile, Kambove) et le long du tracé de la voie ferroviaire. À partir du milieu des années1930, elles devinrent graduelle ment "be lgo-kasaïennes», avec une connotat ion accentuée de Luba et de Wallons. La progression des masses luba dites "du Kasaï» et l"érosion pro portionnelle des groupes "autochtones» déboucha sur des rapports conflictuels à base ethnique, atti sés par la difficulté des conditions de vie. Après la Deuxième Guerre mondiale, les Luba du Kasaï, qui constituaient désormais le groupe le plus nombreux, furent régulièrement ciblés par les Luba du Katanga et les Bemba. Ce qui était ressenti comme une perte d"emprise sur un sol ancestral a nourri les discours sur l"autochtonie. En même temps, le creuset qui a forcé la création d"une "identité katangaise» est aussi celui qui en brouille les repères en amalgamant dans les villes les ressortissants de souches cultu relles exogènes à la région et en tenant à l"écart des mannes économiques les ethnies se réclamant de lignées locales séculaires. Celles-ci furent mainte nues à la périphérie du développement industriel et urbain, dans les campagnes.

À un rapport de force démographique défa

vorable aux tenants de cette "identité» se nouent des éléments de revendications culturelles. Histo riquement, les populations originaires ont manifesté

A fortiori

1. Petit, P.?2015. "?L'ethnicité au Katanga?», in Hasson, M.,

Katanga, des animaux et des hommes

Les Animaux et

la Société un temps question d"intégrer au Katanga la région minière dite des "champs diamantifères du Kasaï Ce projet n"aboutit pas; au contraire, la réforme administrative de 1933 lui détacha le Lomami, dont les ressortissants luba, devenus dès cet instant étrangers au Katanga, furent appelés "Kasaïens». Quant aux limites internes, elles fluctuèrent sou vent sous la colonisation, et à l"exception du cas de Kolwezi (voir plus bas), elles ne furent définitive ment fixées qu"en 1966. La partie consacrée dans le tome1 à l"organisation politico-administrative et à la "sécession katangaise» montre en fait que dès la décolonisation le jeu des acteurs politiques katan gais fait éclater ce cadre administratif, puisque s"y jouent des positionnements individuels dictés par des rivalités ethniques (Sanga contre Yeke) ou des considérations tactiques (tous les "ténors» étant issus de groupes allochtones à l"espace du Haut- Katanga). Plus tard (octobre 1976), c"est en rapport avec les velléités autonomistes régionales que ce qui se présentait comme le Sud-Katanga fut amputé de la ville de Kolwezi créée en 1971, du nouveau terri toire de Mutshatsha (ex-territoire de Kolwezi) et du territoire de Lubudi (intégrant la chefferie bayeke) suite à leur constitution en district urbano-rural. Le district du Lualaba perdait ainsi ces entités. Mais ce coup porté à la taille servait également les inté rêts de G.Munongo, fraîchement intronisé mwami des Bayeke et rallié à l"autorité de l"État-Zaïre: face à l"hostilité des Sanga, celui-ci voulut se donner un espace de pouvoir séparé de la prégnance lunda. La géographie économique, enfin, est trop incons tante pour servir de soubassement à cette identité.

La richesse du Katanga qui aiguise les revendica

tions identitaires est d"abord celle de sa partie sud, et plus précisément celle d"un espace (la ceinture de cuivre) circonscrit à moins de 10% de la superficie de l"ancienne province, et en majeure partie versé dans le Haut-Katanga. L"occupation et l"organisation de ce territoire furent à partir de 1891 l"affaire d"une formidable entreprise financière et commerciale modelée par les rivalités belgo-britanniques pour le contrôle des gisements. Dès 1910, les trois éléments de ce qui allait être la "signature» économique et sociale katangaise furent réunis: l"industrie minière, le rail et la ville. La progression entre 1910 et 1931 du réseau ferroviaire a finalement morcelé le Katanga en deux régions distinctes et complémentaires, l"une de forte densité de peuplement, industrielle com

merciale et administrative, et l"autre, vaste étendue rurale faiblement occupée par l"administration colo-

niale et aux établissements commerciaux clairsemés, connectée aux axes ferroviaires par les routes ou des pistes, le long desquelles les villages furent contraints de s"aligner 2 . Le triptyque mines-rail-urbanisation issu de la matrice cuprifère a créé un nouveau centre de gravité en fonction duquel le pouvoir colonial a procédé au redécoupage des espaces économiques et sociaux préexistants. Mais les développements consacrés à la paysannerie dans le tome2 montrent que ces transformations centripètes n"ont pas affecté d"égale façon ni simultanément l"organisation sociale et agraire des zones périphériques, et que les déci sions du pouvoir colonial ainsi que les intérêts des sociétés minières, ferroviaires et commerciales, ont joué un rôle déterminant, mais à géométrie variable, principalement à partir de la fin des années1920. Certaines régions plus difficiles d"accès furent tardi vement reliées à l"économie des centres, et en sont aujourd"hui à nouveau relativement isolées par la dégradation actuelle des conditions de circulation. Les villes du sud ont par ailleurs développé dès l"origine de fortes attaches en matière d"échanges commerciaux et de circulation de personnes avec la Rhodésie du Nord, devenue Zambie, et seule la poli tique interventionniste de l"État colonial a suspendu pour un temps ces liens. Après la crise économique de 1929-1933, la contrainte et la politique tarifaire coloniales maintinrent par la force les relations économiques entre les villes et leur arrière-pays. Parallèlement, à partir de cette époque et jusqu"à la zaïrianisation de 1973-1974, le réseau commercial développé à l"intérieur du pays par les négociants méditerranéens, essentiellement hellènes, joua un rôle de courroie commerciale auprès des centres ruraux, et permit de maintenir après l"indépendance des liens entre les cultivateurs africains et les grands bassins de consommation du Sud. Ces liens sont aujourd"hui érodés: ils n"ont pas vraiment résisté à la dégradation de l"organisation des transports, à la zaïrianisation, aux pillages de 1991 et à l"insécurité physique héritée de la dernière guerre et qui sévit encore dans une grande partie de la province. Les villes s"appuient plus que jamais sur le Sud dans leurs relations commerciales, notamment en ce qui 2. Vellut, J.-L.?1981. Les Bassins miniers de l"ancien Congo belge. Essai d"histoire économique et sociale (1900-1960) , coll. "Les Cahiers du CEDAF», n°7. Bruxelles, p.40. approximativement d"un peu moins de la moitié à deux tiers environ de la population du Haut-Katanga. Lubumbashi et Likasi en absorbent la quasi-totalité. Les villes elles-mêmes ont subi des transformations géomorphologiques remarquables à travers le temps, elles se sont densifiées et leur emprise s"est étendue, la barrière raciale s"est transformée en une strati fication sociale perceptible dans l"occupation des quartiers.

Hors des centres, l"expansion économique colo

niale fit vaciller les sociétés agraires, déjà fragilisées depuis le milieu du e siècle. Jusqu"à la Deuxième Guerre mondiale, l"architecture de l"édifice capi taliste-colonial bâti au Katanga reposa en grande partie sur l"exploitation des campagnes sollicitées successivement, et parfois simultanément, pour la main-d"œuvre, l"alimentation des centres et du per- sonnel administratif, la circulation des hommes et des marchandises, et l"ouverture et l"entretien d"un réseau moderne de communications (chemins de fer et routes). La pression sur les sociétés agraires se relâcha après 1945, et l"on vit même avec l"activisme d"intellectuels humanistes et l"entrée dans le jeu d"uni versitaires issus des sciences sociales, se déployer des programmes dits de "reruralisation». Plus tard, les programmes déployés par la Gécamines entretin rent une forme d"assistance aux petits paysans, mais à certaines exceptions près, la petite agriculture afri caine n"est pas sortie de la crise, en grande partie à cause de l"absence de véritable politique agricole des dirigeants congolais et zaïrois. La province est confrontée depuis l"indépendance à un déséquilibre alimentaire qui a pris au fil du temps des proportions abyssales. Celui-ci est difficilement compensé par des importations massives de maïs zambien. Même s"il est moins bien doté que ses anciens bassins agro pastoraux traditionnels (Tanganyika, Haut-Lomami, etc.), le Haut-Katanga possède pourtant plusieurs zones au potentiel agricole avéré (bassin de la Lufira, plateaux des Marungu, etc.) et l"agriculture paysanne locale a déjà fait preuve par le passé de capacités de résilience et d"adaptation. Mais comme autrefois, le tropisme industriel des dirigeants persiste à les pousser à encourager davantage le développement d"une agriculture industrielle, plutôt que d"investir dans la petite agriculture.

Ces réflexions émergent du vaste travail de

recherche et d"analyse entrepris dans ce double volume portant sur la province du Haut-Katanga,

mais elles ne suffisent pas à en résumer le contenu.Dans le premier tome, au-delà des chapitres sys-

tématiquement consacrés à l"environnement naturel, aux peuplements, aux missions et à l"organisation politico-administrative, les contributions relatives d"une part à la création de l"Union minière et à l"immigration de travailleurs africains, d"autre part à certaines composantes de l"immigration extra- africaine dans le Katanga colonial, apportent des éclairages particuliers sur ces questions spécifiques à la province. La partie la plus innovante concerne tou tefois sans conteste les chapitres sur la sécession du Katanga. Ceux-ci apportent des développements qui débordent largement le seul espace du Haut-Katanga. On voit traités de manière détaillée, à partir d"une vue de l"intérieur, les événements qui se sont dérou lés. Les chercheurs du MRAC ont bénéficié d"une documentation unique, des archives particulières inédites et chronologiquement cohérentes prove nant des acteurs intimes de la sécession. Comme si l"on suivait leurs conversations au moment même de leur action sur le terrain, il arrive régulièrement dans l"écriture de certaines parties qu"on leur laisse la parole. Comme si ceux-ci échangeaient entre eux, exprimant leur fond de pensée sans crainte d"être vus. On sait donc répondre à la question de savoir qui a fait la sécession du Katanga et quels furent réel lement ses buts.

Le second tome se consacre aux questions éco

nomiques et sociales de la province. Là encore, pourtant, on ne retrouvera pas le canevas des pré cédentes monographies. La prépondérance des villes et du secteur minier justifie d"y consacrer de larges développements. Dans le cas des villes, les chercheurs du MRAC ont compulsé d"importantes études, souvent non publiées, pour retracer l"évolution de Lubumbashi et de Likasi, ainsi que de leurs habitants, jusqu"à nos jours. Les chapitres relatifs à l"agriculture, et plus spécifiquement à la petite paysannerie, ont pu s"appuyer sur certains travaux précurseurs dans les années1950, sur les recherches historiques réalisées dans les années1970 à l"Université de Lubumbashi, ainsi que sur les résultats d"une récente enquête de terrain; ils ont en outre bénéficié de l"expertise d"un agronome de l"Université de Lubumbashi. Enfin, l"étude des secteurs auxiliaires, et des transports en particulier, a bénéficié d"études historiques inédites, du témoignage d"acteurs internes au secteur et de l"accès à certains documents interdits à la diffusion, qui débouchent sur une analyse pointue des pro blèmes et enjeux liés au redéploiement de certains 1. Professeur émérite, Université de la ville de New York (CUNY). 2. Ces recherches de terrain d'Herbert F. Weiss ont donné lieu

à l'ouvrage

Political Protest in the Congo. The Parti solidaire africain during the Independence Struggle ( Radicalisme rural et lutte pour l"indépendance au Congo-

Zaïre. Le Parti solidaire africain (1959-1960)

AVANTPROPOS

DE LA SÉCESSION KATANGAISE AU HAUTKATANGA:

RÉFLEXIONS SUR PLUS DE CINQUANTE ANS

D"HISTOIRE POLITIQUE AFRICAINE

par Herbert F. Weiss novembre 1975, rejoindre le régime du MPLA 3 passant ainsi d"un soutien aux colonialistes à celui d"un régime marxiste, sans jamais abandonner l"ob jectif d"un Katanga indépendant.

Le nationalisme de Mobutu semblait, dans une

large mesure, l"emporter sur les velléités autono mistes des Katangais, tandis que, dans le même temps, la région maintenait sa domination éco nomique sur l"ensemble du pays. Mon analyse à distance de ces développements au cours des décen nies suivantes me porte à considérer que, même si l"idée d"un Katanga indépendant n"est jamais morte, elle a diminué brusquement chaque fois que les élites katangaises occupaient des positions importantes ou dominantes à Kinshasa. Cela a commencé quand

Tshombe est devenu Premier ministre en 1964 et a

continué jusqu"à nos jours.

Dans les premiers temps de la dictature de

Mobutu, entre 1965 et 1976, le Mouvement popu

laire de la révolution (MPR) a plus ou moins réussi à mobiliser à la fois les élites et les masses partout au Congo, et ce, même si cette mobilisation apparaissait un peu moins forte au Katanga. Les élites katangaises ont, comme celles d"autres provinces, concouru pour obtenir des postes importants dans le régime de Mobutu avec l"espoir de surmonter le favoritisme du régime à l"égard des originaires de l"Équateur. Mais, alors que la popularité du régime mobutiste déclinait, la population au sud du Katanga a, en 1977 et 1978, accueilli favorablement les incursions militaires des Tigres venus de l"Angola. La question reste posée de savoir si les populations du nord de la province seraient restées loyales à Kinshasa et à Mobutu, au cas où ces incursions se seraient prolongées jusqu"au nord. Il est également intéressant de souligner que le Front de libération national congolais (FLNC) -nom du mouvement politique des Tigres du Katanga pendant les années1970- ne réclamait plus seule ment l"indépendance du Katanga, mais adoptait un programme socialiste. Même la demande d"indépen dance était atténuée par le désir de renverser Mobutu. Si les Tigres n"ont pas vaincu le régime mobutiste, ce n"est pas en raison de l"efficacité de l"armée nationale (FAZ, Forces armées zaïroises) mais, une nouvelle fois, à cause du soutien militaire étranger accordé au régime de Mobutu. En d"autres termes, alors que les personnalités katangaises étaient minoritaires à 3. MPLA?: Mouvement pour la libération de l'Angola.

Kinshasa, les masses du sud du Katanga, sinon les

élites, ont de nouveau soutenu une tentative d'indé pendance. Il faut également noter que cette initiative contre le régime n'a eu aucun relais parmi les forces non katangaises anti-Mobutu?: par exemple, le maquis de Laurent?Désiré Kabila à Fizi-Baraka n'a pas lancé d'action simultanée.

Je me suis rendu en 2004 avec une équipe de

recherche dans l'Est de la RDC, afin d'évaluer l'action humanitaire des États-Unis dans la région. C'était un moment particulièrement critique pour l'Est en général, et pour le nord du Katanga en particu lier. Le Katanga avait été divisé, pendant la guerre, entre le gouvernement de Kinshasa et la rébellion du RCD/Goma. Sous le contrôle de ce dernier, le nord du Katanga avait été élevé au statut de province avec une capitale, Kalemie, et possédait son propre gou verneur. À mon arrivée, l'ancienne province venait d'être reconstituée, et, lors de mon séjour, un cocktail de départ fut même organisé pour le "?gouverneur?» nommé par le RCD/Goma?! J'ai, à cette occasion, été surpris de découvrir la présence, à la périphérie de Kalemie, d'éleveurs banyamulenge (des Tutsis du Sud-Kivu) qui s'y étaient récemment installés avec leur bétail, sous la protection des autorités du RCD/ Goma. L'extrême nord du Katanga était, durant la guerre, une zone de combats entre les forces combinées du

Rwanda et du RCD/Goma et les Mai-Mai, soutenus

par Kinshasa. Parfois, des villages entiers s'échap paient dans les forêts pour éviter d'être pris dans les feux croisés ou d'être accusés par l'un ou l'autre côté de collaborer avec l'"?ennemi?». Notre équipequotesdbs_dbs31.pdfusesText_37
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