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dossier administratif réalisent au cours de leur démarche 8 ans son absence de diplôme a été un réel frein à ses ambitions d'être cuisinier :.



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Tous les salariés des établissements adhérant à l’OPCO Santé peuvent bénéficier du DSB VAE Pour s’engager dans une démarche de VAE (droit commun ou DSB) il faut obtenir la recevabilité VAE pour le diplôme visé Les conditions de recevabilité peuvent varier d’un diplôme à l’autre

LES CANDIDATS A LA VAE : DE LA VALIDATION PARTIELLE A LA

Université de NantesUFR Lettres et langageMémoire de master 2 Sociologie - Stratégie et ingénierie en formation d'adulteLES CANDIDATS A LA VAE : DE LA

VALIDATION PARTIELLE A LA

CERTIFICATION.LES MECANISMES DU MAINTIEN DE LEUR

ENGAGEMENT DANS LA DEMARCHE VAE.Mémoire présenté et soutenu par Melle Florence HEDINDirecteur de mémoire : M. Philippe ALONZOAnnée universitaire : 2010 - 20111

2 Les candidats à la VAE : de la validation partielle à la certification. Les mécanismes du maintien de leur engagement dans la démarche. 3 4

REMERCIEMENTSJe remercie Monsieur Philippe Alonzo, mon directeur de mémoire qui m'a soutenue et conseillée

dans cette recherche.Je tiens également à remercier les accompagnateurs VAE et les candidats qui m'ont accueillie et sans

qui je n'aurais pas pu réaliser ce travail.5

SOMMAIRE

Introduction.......................................................................................................................................p.8Première partie : Une intégration encore incomplète du dispositif de VAE par les institutions ..........................................................................................................p.10

I / La VAE : un dispositif marginal d'accès à la certification....................................................p.11 1.1.1. Loi de modernisation du 17 janvier 2002...........................................................................p.11 1.1.2. Analyse sociologique de l'intégration de laVAE dans le système français de formation et de certification...........................................................................................p.15II / Des mesures variables pour prendre en charge les nombreuses validations partielles....p.20

1.2.1. Les validations partielles en chiffres..................................................................................p.21 1.2.2. Les différentes mesures de prise en charge des candidats..................................................p.25

III / Une méthodologie d'enquête par entretien..........................................................................p.32

1.3.1. La méthodologie d'enquête par entretien, pour recueillir des représentations et des pratiques...................................................................................................................p.32 1.3.2. Une grille d'entretien organisée par grandes thématiques..................................................p.33 1.3.3. Conception de l'enquête, corpus et mode d'accès...............................................................p.35 1.3.4 La réalisation des entretiens, des conditions optimales.......................................................p.36 1.3.5. Le recours à deux méthodes d'analyse : l'analyse par entretien et l'analyse thématique....p.37Deuxième partie : Des caractéristiques sociologiques identiques chez les candidats qui poursuivent après une validation partielle ..........................................p.39

I / Des rôles différents pour les capitaux économique, culturel et social..................................p.40

2.1.1. Une faible mobilisation du capital économique.................................................................p.40 2.1.2. Un capital culturel fort pour les uns... ...............................................................................p.41 2.1.3. ...La constitution d'un capital social pour les autres...........................................................p.466

II / Des candidats agissant selon des logiques d'action définies...............................................p.49

2.2.1. Une logique de promotion pour évoluer ou confirmer son évolution................................p.50 2.2.2. Une logique de protection pour trouver un travail ou sauvegarder son emploi.................p.51III / Quête et déni de reconnaissance : le vécu d'une validation partielle................................p.53

2.3.1. La notion de reconnaissance...............................................................................................p.54 2.3.2. La quête de reconnaissance chez les candidats à une VAE................................................p.56 2.3.3. Des points de vue divergents sur le jury et les motifs de la validation partielle................p.59Conclusion.......................................................................................................................................p.63

7

INTRODUCTIONLa validation des acquis de l'expérience est un dispositif d'accès à la certification qui fêtera ses 10

ans le 10 janvier 2012. A ses débuts en 2002, il fut qualifié de " révolutionnaire ». Les personnes

actives n'ont désormais plus besoin de retourner sur les banc de l'école pour obtenir un diplôme.

Leurs années d'expérience professionnelle et l'analyse de celles-ci au regard du référentiel de la

certification visée attestent de leurs compétences. Malgré un début prometteur, l'évolution du

nombre de personnes intéressées par la VAE est restée relativement faible. La voie royale pour

accéder à un diplôme reste la formation classique. Sur la totalité des certifications délivrées en

formation continue, seules 10% le sont au titre de la VAE1. Ce dispositif est encore relativement

récent et peu ou mal connu. Certes, de nombreuses améliorations lui ont été apportées depuis ses

débuts, comme par exemple la meilleure lisibilité des certifications accessibles ou encore la

réduction du délai nécessaire à la réalisation d'une VAE. Mais il manque encore au dispositif une

organisation et une cohérence nationale qui lui permettrait d'être plus visible et abordable pour les

candidats potentiels. C'est notamment la mission attribuée aux CARIF-OREF2 dans les régions.

Nous allons nous intéresser dans ce mémoire à un des leviers de développement de la VAE : la

problématique des validations partielles. Les candidats n'ayant pas obtenu la totalité des unités de

valeur d'un diplôme n'ont pas toujours de solution pour continuer leur quête de certification. Les

acteurs de la VAE sont bien conscients de cette faiblesse du dispositif. Ils tentent depuis quelques

années de trouver des solutions afin de ne pas laisser les candidats avec une " moitié de diplôme ».

La problématique retenue pour cette recherche sociologique est la suivante : Quels sont les facteurs internes et externes aux individus qui leur permettent de poursuivre une démarche

VAE suite à une validation partielle, et comment ces facteurs sont-ils articulés ? Il s'agit donc

de rendre compte de la manière dont les candidats procèdent pour " rebondir » après une validation

partielle. Les différentes lectures et la connaissance préalable du dispositif nous ont aidé à définir les

hypothèses de départ, que nous développerons tout au long du mémoire :-Les institutions mettent en place des mesures à destination des candidats qui leur facilitent les

démarches à effectuer pour l'obtention de la validation totale. Les candidats sont donc épaulés et

guidés tout au long de leur démarche, et notamment après le premier jury décisionnaire de la

1Source : CARIF OREF des Pays de la Loire (cf. note de bas de page 2).2Centre d'animation et de ressources d'informations sur la formation - Observatoire régional sur l'emploi et la

formation. Ces structures régionales ont été mises en place suite aux mouvements de décentralisation de 1982. Leurs

principales missions actuelles sont de renseigner et d'orienter le public, d'animer et de professionnaliser les acteurs

territoriaux de l'emploi, de l'insertion et de la formation professionnelle, et d'observer le champ de l'emploi et de la

formation. Les CARIF-OREF sont financés pour la quasi totalité par l'Etat et les Conseils Régionaux.8

validation partielle. Nous faisons notamment l'hypothèse que les structures proposent un

accompagnement post-jury, et que les jurys formulent des préconisations à l'égard des candidats.

Ces éléments seront considérés comme des facteurs externes au candidat.-Les facteurs internes, qui dépendent des candidats et non de l'institution certificatrice, sont

constitués par des caractéristiques sociologiques. Nous avons choisi d'en définir trois qui selon

nous joueraient un rôle dans l'engagement des candidats après leur validation partielle : la

mobilisation d'un capital économique, social et culturel, la logique d'action des candidats lors de

leur engagement dans une démarche VAE et le vécu de la validation partielle. -L'articulation de tous ces facteurs conjugués met en valeur l'importance des facteurs externes.

Selon nous, ils ont un rôle majeur dans l'engagement et le choix des candidats à poursuivre leur

quête de certification.Afin de confronter les hypothèses à la réalité sociale, nous avons adopté la méthodologie par

entretien auprès de candidats ayant vécu une validation partielle. La recherche présentée dans ce document est un travail sociologique qui, d'une part, clôt un

parcours universitaire, et d'autre part a l'ambition de favoriser notre insertion professionnelle dans le

domaine de l'orientation et de la formation continue. Le choix du thème n'est donc pas anodin. Nous

avions la volonté, après de précédents travaux concernant la validation des acquis de l'expérience,

de nous confronter une nouvelle fois au vécu des acteurs. Nous espérons ainsi approfondir notre

connaissance du dispositif, d'autant plus sur le thème des validations partielles qui reste jusqu'à

présent peu évoqué dans les ouvrages. 9 PREMIERE PARTIE UNE INTEGRATION ENCORE INCOMPLETE DU

DISPOSITIF DE VAE PAR LES INSTITUTIONS.10

I / La VAE : Un dispositif marginal d'accès à la certificationAvant d'évoquer plus précisément la problématique des validations partielles, il convient de resituer

le dispositif de validation d'acquis dans le contexte actuel de la formation pour adultes. Comment a-t-il vu le jour ? Quelles questions soulèvent son intégration aux côtés d'autres dispositifs ? Quelles

sont les pratiques dominantes liées à la VAE ? Ce cadrage est l'occasion de bien comprendre les

enjeux macrosociologiques dans lesquels sont insérés les candidats.1.1.1 La loi de modernisation sociale du 17 janvier 20021.1.1.a) Qu'est-ce que la VAE ?La validation des acquis de l'expérience est apparue en France dans un contexte européen incitant

les régimes politiques nationaux à favoriser la formation tout au long de la vie. Le mémorandum de

2000 produit par le Conseil européen en mars 2000 est à ce titre significatif. Il traduit la volonté des

instances européennes d'accompagner les Etats membres dans leur évolution vers une société et une

économie fondées sur la connaissance. Selon ce dispositif, plusieurs façons d'apprendre sont

désormais équivalentes : l'éducation formelle, l'éducation non-formelle (sur le lieu de travail, dans

les associations) et l'éducation informelle (qui est le corrollaire naturel de la vie quotidienne). Cette

distinction est intéressante du point de vue sociologique puisqu'elle rappelle les concepts de socialisation primaire et secondaire construits par P. Berger et T. Luckmann en 19663. Ces auteurs

ont défini la socialisation primaire comme l'incorporation d'un savoir de base avec l'apprentissage

du langage. Cette première socialisation se réalise principalement en interaction avec la famille et

l'école. La socialisation secondaire est quant à elle définie comme " l'intériorisation de sous-mondes spécialisés 4». Elle renvoie à l'éducation non-formelle et informelle mentionnées par les

instances européennes. L'identification de ces voies d'apprentissage est donc la reconnaissance que

la socialisation se poursuit à l'âge adulte et tout au long de la vie. La socialisation n'est jamais

totalement achevée. Elle n'est " ni totale, ni terminée 5». L'identité des individus n'est donc pas figée

à la sortie de l'enfance mais continue d'évoluer en fonction des différentes sphères sociales

d'appartenance.En France, la loi de modernisation sociale n°2002-73 du 17 janvier 2002, introduisant à la fois le

répertoire national des certifications professionnelles (RNCP) et la VAE est venue confirmer

l'adhésion de la France à cette impulsion européenne. Le dispositif de validation des acquis de

3P. Berger, T. Luckmann, La construction sociale de la réalité, Masson, Paris, 1966.

4Idem.5Idem.11

l'expérience permet aux individus justifiant d'au moins trois années d'expérience professionnelle de

passer devant un jury pour obtenir une certification professionnelle. Voilà plus précisément le texte

de loi :Art. 133 et 134 de la loi de modernisation sociale n°2002-73 du 17 janvier 2002Art.133. Toute personne engagée dans la vie active est en droit de faire valider les acquis de son

expérience, notamment professionnelle, en vue de l'acquisition d'un diplôme, d'un titre à finalité

professionnelle ou d'un certificat de qualification figurant sur une liste établie par la commission

paritaire nationale de l'emploi d'une branche professionnelle, enregistrés dans le répertoire

national des certifications professionnelles visé à l'article L. 335-6 du code de l'éducation.

Art. 134. Peuvent être prises en compte, au titre de la validation, l'ensemble des compétences

professionnelles acquises dans l'exercice d'une activité salariée, non salariée ou bénévole, en

rapport direct avec le contenu du diplôme ou du titre. La durée minimale d'activité requise ne peut

être inférieure à trois ans. La validation des acquis de l'expérience est donc un droit ouvert à tous : salariés (en contrat à durée

déterminée ou indéterminée, intérimaires...), non-salariés, demandeurs d'emploi, bénévoles, agents

publics, personnes ayant exercé des responsabilités syndicales. Et ce quel que soit le diplôme

précédemment obtenu ou le niveau de qualification. Cette nouvelle loi introduit la VAE comme un levier de dissociation entre la formation et la

certification. Cependant, la plupart des professionnels, et notamment les accompagnateurs tous ministères certificateurs confondus, assimilent la démarche VAE comme une réelle épreuve

formatrice. L'expérience de la personne est mise en relation avec un référentiel d'activités afin

d'élaborer un dossier. Ce rapport d'expérience très détaillé consiste en l'analyse par le candidat de

ses expériences et acquis professionnels au regard du référentiel d'activités professionnelles du

diplôme visé. " Dans l'esprit des théoriciens de la validation des acquis, le dossier de validation est

bien conçu comme une épreuve en soi »6. Certains candidats croyant devoir simplement remplir un

dossier administratif réalisent au cours de leur démarche l'investissement nécessaire à fournir pour

analyser leur activité professionnelle. C'est une raison pour laquelle dans l'ensemble des ministères

certificateurs, une offre d'accompagnement s'est constituée afin de guider le candidat dans la

constitution du dossier de validation. L'accompagnement n'est pas mentionné dans la loi de 2002. Il

n'est donc pas régit par un cadre national strict. Après avoir été l'apanage des ministères

certificateurs, des centres privés se sont positionnés sur ce marché de l'accompagnement à la VAE. 6M.-H. Jacques, " Validation des acquis de l'expérience et accompagnement : " seconde chance » ou nouveau risque

d'inégalités ? », L'orientation scolaire et professionnelle, 2008, vol.38, n°2, p.161 à 180.

12

1.1.1. b) Les ministères certificateurs.Le dispositif de VAE s'est mis en place et organisé dans les différents ministères certificateurs, pour

aujourd'hui être un dispositif effectif pour la plupart des candidats souhaitant utiliser leur droit à la

VAE. Le ministère de l'Education nationale, le plus important pourvoyeur de certifications

professionnelles dans la formation initiale, reste également le ministère certificateur le plus sollicité

dans le cadre de la VAE. Selon une étude menée par la direction de l'animation de la recherche, des

études et des statistiques (DARES), un peu moins de la moitié (47%) des candidats diplômés par la

VAE en 2009 ont obtenu un diplôme de l'enseignement professionnel et technologique du ministère

de l'Education nationale7. Viennent ensuite les ministères chargés de l'Action sociale et de la Santé

et de l'Emploi8. Le graphique suivant élaboré par la DARES recense l'ensemble des dernières

données disponibles sur les flux de candidats selon le ministère certificateur.Document 1 : Nombre de titres et diplômes obtenus par la VAE parmi les principaux

certificateurs (graphique).Source : DARES Analyses, décembre 2010, n°083.7DARES Analyses, décembre 2010, n°83.8Idem.13

Précisons dès à présent que si la quasi totalité des ministères certificateurs s'appuient sur un dossier

et un entretien avec le candidat pour se prononcer sur l'obtention d'une certification professionnelle,

le ministère de l'Emploi se démarque de cette procédure généralisée. Pour l'obtention d'un titre

professionnel, les candidats doivent non seulement remplir un dossier retraçant succinctement leur

trajectoire professionnelle, mais ils sont surtout confrontés à une mise en situation pratique

d'activité professionnelle devant un jury suivi d'un entretien. Cette modalité n'est pas surprenante

lorsqu'on considère la position que revendique depuis sa création l'association pour la formation

professionnelle des adultes (AFPA), dispensatrice des titres professionnels du ministère de l'Emploi,

d'organisme novateur en matière de formation pour adultes. 1.1.1. c) La demande de recevabilitéLorsqu'un individu souhaite engager une démarche VAE, il doit faire une demande de recevabilité

auprès du ministère certificateur choisit. Cette demande consiste principalement à retracer son

parcours professionnel en indiquant les activités réalisées et les compétences développées. Suite à

l'évaluation de ce premier dossier, l'institution se prononce sur la possibilité effective pour le

candidat de débuter sa validation d'acquis. Cette première étape, qui ne sera pas étudiée dans notre

recherche, revêt cependant une certaine importance liée à notre objet d'étude des validations

partielles. L'évaluation du dossier de recevabilité n'est pas anodin. Il est censé permettre dans un

premier temps de vérifier que le candidat justifie bien de trois années d'expérience en lien avec la

certification visée. Mais il est aussi évalué par des professionnels ou des enseignants qui estiment,

au regard de l'historique des activités professionnelles de l'individu, si celui-ci est en mesure de

réussir sa VAE. Cette étape est utilisée de différentes manières par les ministères certificateurs. Lors

de notre stage dans des services VAE, une institution nous a laissé entendre que chaque candidat qui

en faisait la demande était accepté dans un parcours VAE sans réelle estimation de ses chances de

réussite. Cette pratique a pour but de reccueillir un plus grand nombre possible de candidats. D'autre

part, un accompagnateur d'un autre ministère certificateur (appelée institution B pour les besoins de

l'enquête) rencontré dans le cadre de cette enquête, délivre un tout autre discours. Il déclare être très

attentif à la demande de recevabilité afin de n'accepter que les candidats susceptibles d'obtenir le

diplôme dans son intégralité. Voilà un extrait de l'entretien qui illustre la volonté affichée de

l'institution :" C'est le travail de filtrage, c'est ce qu'on appelle nous la recevabilité, ou faisabilité

dans certains cas. Notre objectif n'est pas d'engranger des volumes de candidats pour absolument les mettre dans un parcours. C'est de faire en sorte que lorsqu'on s'engage 14 sur la faisabilité, et c'est d'ailleurs le rôle de nos conseillers, et on y tient, lorsqu'on déclare un candidat recevable, c'est pas parce qu'il va obtenir une partie du diplôme, c'est qu'on pense qu'il peut l'obtenir en totalité. Pour nous, l'objectif de la recevabilité c'est de se dire il nous a décrit une activité professionnelle, on pense qu'il correspond et qu'il peut convaincre sur l'ensemble du diplôme. » (Accompagnateur VAE de

l'institution B).Ainsi, la problématique des validations partielles peut être analysée au regard des pratiques de

recevabilité. L'angle d'attaque choisit pour cette étude ne prendra pas en compte cette étape. Nous

nous intéresserons à ce qui se passe à partir du moment où le candidat entame véritablement sa

démarche VAE, et après le moment du passage en jury. 1.1.2. Analyse sociologique de l'intégration du dispositif de VAE dans le système français de

formation et de certification.La validation des acquis de l'expérience a bénéficié dès ses débuts d'un très large consensus

politique. Le concept d'égalité des chances véhiculé par la VAE a fait l'unanimité au sein des

partenaires sociaux. Les syndicats de salariés y ont vu l'opportunité d'un moyen de justice sociale

permettant aux actifs peu qualifiés d'acquérir un diplôme en cours de vie professionnelle. La VAE

est d'ailleurs destinée prioritairement aux personnes non qualifiées qui souhaitent obtenir une

certification de niveau V ou IV. Nous verrons par la suite que ce dispositif ne remplit pas totalement

son rôle de seconde chance. Toutes les personnes enquêtées et candidates à un diplôme de niveau IV

ou V avaient déjà soit un diplôme de niveau V dans un autre secteur d'activité ou le niveau d'un tel

diplôme (elles sont allées à l'école et ont échoué à l'examen). Cependant, la représentation d'un

dispositif qui permettrait aux travailleurs non qualifiés d'obtenir un diplôme, et donc une certaine

revanche sur le monde scolaire, est très répandue. Elle est illustrée par des cas de promotion sociale

exceptionnelle. Les syndicats de patronat ont quant à eux apprécié la valorisation faite du modèle de

la compétence et la reconnaissance de l'entreprise comme lieu de formation.Votée sous un gouvernement de gauche, la VAE a été appliquée sans réserve par le gouvernement

de droite. Après un début jugé insuffisant du nombre de VAE réalisées en France, les politiques

15

décident d'en augmenter significativement la quantité. S'affiche alors une réelle volonté d'

" industrialiser »9 la VAE. Un comité de développement de la VAE se met en place en 2006. F.

Maillard, sociologue, évoque un véritable " programme étatique de massification »10. L'objectif

déclaré est celui de la sécurisation des parcours professionnels. Ce plan s'intègre dans une volonté

plus générale de multiplier les personnes en possession d'une certification professionnelle. Alors

que le flux de candidats semble s'essoufler, le ministre délégué à l'Emploi, au Travail et à l'Insertion

professionnelle, Gérard Larcher, lance en 2005 le plan VAE dans le cadre du plan de développement

gouvernemental. Il annonce des axes d'action qui seront en partie réaliser à l'automne 2006 :

simplification des demandes, aides à la constitution de jurys salariés, campagnes de communication,

etc. L'objectif de ces mesures est d'atteindre en 2006 la certification de 60 000 diplômes et titres par

la voie de la VAE. Cependant la réalité sera bien loin de ces ambitions. En 2006, il y aura 26 000

validations totales effectuées par cette voie. Ainsi, malgré cet engouement et après des débuts

prometteurs, le dispositif de VAE est vite confronté à la relative faiblesse des flux de candidats qu'il

engendre. 1.1.2 a) Un discours adéquationniste Face à la forte " promotion » d'un dispositif présenté comme un moyen de résoudre de nombreux

maux, l'approche sociologique doit s'efforcer de prendre de la distance par rapport à cet objet. Il

s'agit de considérer la VAE comme un dispositif qui réoriente le modèle français d'articulation entre

éducation, certification et travail. Pourquoi le gouvernement insiste-il autant sur un l'objectif

impératif d'augmentation des flux de diplômés ? Selon les promoteurs de la VAE, le diplôme

permettrait aux salariés d'évoluer plus facilement sur le marché du travail. Par conséquent, plus le

nombre de diplômés sera élevé, plus la sécurisation des parcours professionnels sera effective. Ce

postulat adéquationniste, largement répandu, n'est cependant pas valable. De nombreux travaux, notamment ceux de Lucie Tanguy,11 ont prouvé que certification et qualification ne sont pas

synonymes. Les statistiques infirment la corrélation entre reconnaissance économique et sociale, et

diplôme. Cette nouvelle norme certificative n'est donc pas valable. Elle est une spécificité en

France, où l'on est très attaché au diplôme, document officiel émanant de l'Etat. D'autre part,

l'incitation à une augmentation des diplômés en terme quantitatif est problématique. Un

9A.-C. Benhamou, La validation des acquis de l'expérience en actes, Rapport de mission sur l'application de la VAE,

juin 2005, 143 p ,p.12. (Document émanant du ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement et de la

recherche)10F. Maillard, " Les exigences du diplôme, un obstacle au développement de la VAE ? Les paradoxes de la

massification », in F. Neyrat (dir.), La validation des acquis de l'expérience : la reconnaissance d'un nouveau droit,

Bordeaux, Editions du Croquant, 2007, p.85-108.11L. Tanguy, " De l'éducation à la formation : quelles réformes ? », Education et sociétés, 2005/2, n°16, p.99-122.

16 raisonnement par le nombre pose des problèmes de mesure. A partir de combien peut-on dire qu'il y aura suffisamment de diplômés ?

Ces injonctions à augmenter le nombre de diplômés peuvent être corrélées au fait qu'en France, le

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