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LE MIRAGE DE LA COMPÉTENCE

LE MIRAGE DE LA COMPÉTENCE

Patrick Rozenblatt et Djaouidah Séhili (coord.)

Isabelle Auriel, Louis-Marie Barnier,

Alain Bonnet, Guy Friedmann,

Muriel Gélin-Moujeard, Sandrine Guyonneau,

Sylvie Voegele-Aussourd

éditions syllepse (paris)

collection " le présent avenir »

© éditions syllepse, 2021 (1

re

édition, 2000)

69, rue des rigoles, 75020 paris (france)

edition@syllepse.net www.syllepse.net isbn : 978-2-84950-982-1 couverture : " la compétence », 2008, peinture de Jean-Pierre Anselme (116 x 81 cm) (©)

REMERCIEMENTS

Notre petit groupe s'est constitué initialement en séminaire avec l'envie de contribuer à la vie du laboratoire Travail et Mobilités alors plein de projets... Les années passant, seules les salles de réunion qui nous voyaient inlassablement travailler n'ont cessé de nous encourager à aller au bout de ce projet éditorial qui vit le jour en 1997. Merci aux murs de l'université de Nanterre de nous avoir tant écoutés et abrités. Nous partîmes à neuf comme nous avons fini... L'un d'entre nous a quitté le groupe pour achever plus vite sa thèse et un plus jeune nous a rejoints, merci aux deux de s'être croisés. Nous avions déjà pour nous encourager initialement quelques enfants Alixe, Benjamin, Camille, Clémentine, Laurent, Sarah et Sébastien. Le temps et quelques autres concepts aidant, nous n'avons cessé de nous enrichir sentimentalement, ce qui n'a fait qu'accroître certaines de nos compétences. Gaspar, Johanna, Maxime, Nour, Vanille ont alors manifesté leur savoir être. Merci à tous et à leurs parents de nous avoir supportés dans notre projet. Merci enfin à Francine, Sylvain et Titi, ceux qui dans le cadre de la fabrica tion et de la relecture nous ont été des indispensables compagnons, pleins de qualifications et de compétences. 5

Table des matières

avant-propos

Le mirage de la compétence (2000-2021)

7

La romance de la compétence

11

1. Les outils de la légitimation

De la philosophie à l'ingénierie

33
Changer la classification pour réécrire les rapports de travail 47
De la notation du fonctionnaire à l'appréciation du collaborateur 59

2. À l'assaut des catégories professionnelles

Les agents d'accueil sous l'emprise de la glorification du commercial 77

Mécanicien-avion

: quand la logique compétence affronte le métier 111

La compétence contre la coopération

: l'invention de la modernité dans une PME de la métallurgie 137

3. L'unité par la discrimination

De la "

qualification » à la " compétence » : du changement pour les femmes ? 163

Les travailleurs âgés

: de l'expérience à la disqualification ! 181

Des zéros devenus des héros » 197

4. Le travail, objet de toutes les croyances

La valeur du travail dans le monde de la valeur

233

Légendes et valeur du travail

267

Se faire-avoir ou se faire-valoir

? 291

Les autrices et les auteurs

7

Le mirage de la compétence, 2000- 2021

Patrick Rozenblatt

1 , Djaouidah Séhili 2 Ce livre a plus de vingt ans, mais le processus qu'il analyse, déjà à l'oeuvre en 2000, n'a fait que s'amplifier depuis. Il traite, à plusieurs voix et sur diflérents registres, des prémices d'une logique de manage ment, apparue en France dans les années 1990, qui annonçait l'avène- ment d'un nouvel âge d'or pour le salariat. Il s'agissait alors, à en croire les discours mythiques en vantant les mérites, de mettre fin aux rigidités des qualifications, profitant essentiellement aux professionnel·les possé dant des certificats et diplômes, afin de permettre aux " non qualifié·es » de pouvoir enfin faire reconnaître leur vraie valeur et d'en recueillir les fruits (femmes, immigré·es, jeunes, handicapé·es). La mise en oeuvre de la logique compétence dans l'évaluation du travail allait produire un tel miracle en saisissant chez chacun·e la totalité de ses apports : par le faire professionnel mais encore par l'être et le paraître de chacun·e investi·e totalement dans son travail, corps et âme. Ce fol espoir, vendu par le patronat et soutenu par les instances éta tiques, l'a malheureusement aussi été par la très grande majorité des dirigeants syndicaux. Et pourtant, en étudiant le contenu des premières mises en oeuvre de cette logique de management, les auteurs et les autrices de ce livre expliquent pour qui viendra le " miracle » et pour qui le " mirage ». Devoir faire la preuve quotidiennement de ses capacités productives ! Devoir quotidiennement en douter au regard des référen tiels exibles ! Devoir quotidiennement s'ajuster en fait aux " désirs » productivistes des directions ! Devoir toujours monter en compétences sans aucune assurance d'en recevoir plus de reconnaissance salariale

1. Patrick Rozenblatt est sociologue, professeur émérite, CMW, Université de Lyon 2.

2. Djaouidah Séhili est sociologue, professeure des universités, CEREP, Université de Reims.

le mirage de la comptétence 8

Le cumul infini des injonctions de l'"

approche par la compétence » a désormais envahi, avec des conséquences désastreuses, l'ensemble des vies de celles et ceux qui ont un emploi, mais plus encore celles des enfants, des lycéen·nes, des étudiant·es, et plus généralement des adultes, jusqu'aux retraité·es. En eflet, le système éducatif d'apprentis sage comportemental évalué, chez chaque enfant, sa mont e en capacité

à répondre

une demande et agir sans en avoir la compréhension, un peu comme quand on bricole pour essayer de réparer ou d'installer soi- même sans avoir appris les savoirs nécessaires, c'est-à-dire un ensemble de connaissances qui ne se limitent jamais au seul visible immédiat. Sans même faire de grandes enquêtes, on peut facilement en déduire que les inégalités initiales à mettre en relations avec les milieux sociaux d'origine n'auront aucune entrave à perdurer, classant très rapidement et culpabilisant à vie les " décrocheur·euses » à assurer " leur montée en compétences Éduquer, c'est étymologiquement sortir de la méconnaissance en transmettant des savoirs intellectuels et culturels devant permettre de comprendre le visible et l'invisible des rapports humains et des objets constitutifs de notre environnement. Par abus de langage, la logique compétence, désormais hégémonique dans les systèmes éducatifs euro péens et états-uniens, a annihilé cette ambition, pour le plus grand nombre, en la remplaçant par de multiples apprentissages à savoir-faire fonctionner des objets plus ou moins robotisés, des logiciels spécialisés, de multiples services de ventes ou d'après-vente, etc., amenant celui ou celle qui travaille avec, ou les utilise personnellement, à savoir les mettre en application le temps limité de leur existence. Apprentissage vite fait et déclassement assuré, tant du côté du travail leur et de la travailleuse que de l'usager·ère dès lors qu'une procédure ou une technique seront modifiées pour garantir exibilité, agilité et rentabilité des organisations productives et du capital. En découle une course inévitable l'adaptation en urgence, tout en s'y soumettant le sourire aux lèvres » puisque c'est aujourd'hui considéré comme une compétence comportementale. Et il faut s'y conformer au risque d'être licencié·e et remplacé·e par un·e chômeur·euse en attente. Indéniablement miraculeux pour les capitalistes et leurs représen tants, le mirage a été entièrement confirmé pour les salarié·es. Qui plus est, c'est leur capacité individuelle et collective de résistance qui s'en est trouvée pleinement altérée ! Les derniers résultats d'enquêtes de avant-propos 9 l'Insee, publiés le 4 décembre 2020, attestent s'il en fallait de l' norme escroquerie idéologique qui se perpétue. Globalement la croissance des salaires tourne de plus en plus au ralenti. Il aura fallu trente ans, depuis

1992 à l'aube de la mise en oeuvre de la logique compétence jusqu'à

aujourd'hui, pour que le Smic double enfin. De plus, alors que l'écart salarial entre les femmes et les hommes devait, progressivement, s'atté nuer il est toujours de plus de 16 % en moyenne pour un temps plein, et rapport au temps réel travaillé il est de plus de 28 %. On peut, sans que les chiflres soient là pour le prouver, dire que pour les immigré·es et les jeunes l'évolution est probablement similaire

À la lecture de notre conclusion "

Se faire avoir ou se faire valoir »,

Bernard Thibault, alors secrétaire général de la CGT, nous avait déclaré, au d ébut des années 2000, qu'il pensait que nous avions tort dans nos analyses, qu'il était optimiste pour l'avenir, mais que s'il se trompait dans son appréciation ce serait une catastrophe pour les travailleuses et les travailleurs. Ouvrage de sociologie du travail, la réédition du

Mirage de la compé

tence en fait désormais un ouvrage de contribution à l'histoire des muta- tions des systèmes d'exploitation productive et à la compréhension de la perte de sens et d'emprise du syndicalisme sur les processus en cours. Désormais, c'est à vous de lire, d'apprécier et d'en juger Juin 2021
11

La romance de la compétence

La recherche sociologique contribue partiellement à l'élaboration d'une conscience sociale si elle permet de déconstruire les mythes et les croyances existant dans les rapports que tissent les individus dans la société. Elle y participe totalement si, partant de cette posture, elle révèle les processus de mise en valeur et de hiérarchisation des formes de pouvoirs qui y dominent. De ce point de vue, la société française oflre un terrain d'observation passionnant et paradoxal où tenants d'une justification d'un certain état des relations, résultant des lois de l'écono mie, et tenants d'une justification d'un certain état de justice, résultant d'une intervention correctrice de l'État de droit, ne cessent de combi ner leurs eflorts pour établir un discours rationalisant et apaisant sur les rapports de pouvoir. En eflet, leurs rhétoriques, a priori contradictoires, renvoient conjointement l'individu à l'examen de sa propre responsa bilité quand il en vient à s'interroger sur la légitimité de la place qu'il occupe. Au-delà des polémiques spectaculaires que ces forces étalent publiquement pour faire croire à des oppositions irréductibles de sens, elles convergent, ainsi, pour laisser entendre que la reconnaissance que la société accorde à chacun provient de la simple évaluation de ses seuls mérites et talents. En cela, elles contribuent à écrire un roman peuplé de figures, positives et négatives, et de concepts structurants qui donnent à voir le droit chemin de la réussite. L'invention de la compétence comme concept directeur d'une " révo lution culturelle 1 » vérifie un tel processus tant ce vocable, si polysé- mique, a patiemment trouvé à établir une légitimité pour s'accaparer la mise en forme de la valeur de la formation et du travail sous l'action conjointe d'agences de l'État et de bureaux d'études au service des entreprises 2

1. Objectif Compétences,

La compétence professionnelle, enjeu stratégique, t. 1, Paris, CNPF, 1998.

2. Parmi d'autres, on citera deux supports emblématiques de ce processus

: le CEREQ (Centre

d'études et de recherche sur la qualification), conceptualisateur de la classification des savoirs et le

cabinet Hay propagateur d'un outil d'évaluation de la valeur individuelle des emplois et de leur le mirage de la comptétence 12 Déconstruire la légitimité des anciennes références et des acteurs qui l'entretenaient ; valoriser de nouveaux horizons, synonyme d'espoir promotionnel, sous condition d'accepter la logique directrice d'une pro duction exible et performante ; convaincre de la pertinence, achée comme quasi-scientifique, d'outils techniques devant servir de support à la mesure individuelle de la valeur du travail sont les tâches essen tielles auxquelles ces créateurs se sont patiemment attelés. Imposant groupe de pression à l'oeuvre, capable de faire fredonner, à l'instar des lourds matraquages publicitaires, les louanges de la logique compétence, non seulement, par ceux qui recherchant un travail performant croient y trouver un discours mobilisateur, mais encore, par des scientifiques labellisés qui rêvent dans une logique d'ingénieur de breveter le dispo sitif miracle résolvant enfin depuis l'émergence de la société industrielle les contractions liant le capital et le travail L'idée de faire ce livre nous est venue à l'époque où ces chants louan geurs ne cessaient de s'élever pour vanter l'avenir radieux de la moder- nisation exible du travail. Tout était possible, tout pouvait changer si l'on voulait bien se débarrasser des règles d'un vieux monde où la protection collective, avec son lot de rigidités, bridait l'initiative indivi duelle, porteuse d'une dynamique prometteuse. Pour dire la valeur du travail et le sens des hiérarchies professionnelles, l'aflrontement entre deux camps paraissait dès lors des plus simples - d'un côté, la qualification servait de bannière à tous les tenants d'une représentation sociale attachée à l'existence de groupes pro fessionnels, plus ou moins organisés syndicalement, pour négocier et entretenir un certain état des hiérarchies professionnelles et salariales - de l'autre, la compétence apparaissait comme la catégorie suscep tible d'activer une plus grande justice, cassant les privilèges corpora- tistes en proposant à chacun de pouvoir en permanence progresser vers une mise en valeur toujours supérieure. Mais derrière ce spectacle produit et mis en scène par des acteurs défendant leurs intérêts et leurs pouvoirs, tout nous paraissait moins simple et moins évident ! D'où notre désir de fouiller et de dépouiller le sens des rhétoriques justifiantes de l'immobilité ou de la mobilité nécessaire à l'organisation des rapports hiérarchiques de travail et à leur occupant. Il y a là en soi autour des ramifications qui se sont tissées d epuis les années 1970 une recherche socio-historique qui mériterait d'être entreprise. le roman de la compétence 13 mise en valeur. Norbert Elias considère que les analyses sociologiques nivellent et affadissent l'image de l'homme en tant qu'individu si on applique à la recherche des théories et des méthodes sociologiques qui, au lieu de voir dans les phénomènes sociaux des formations d'individus, les rejettent en dehors et au-delà des individus. Nous avons choisi, en accord avec son regard sociologique, de postuler qu'on accède à une compréhension plus vive et plus profonde de l'individualité de chaque être humain, si on le situe à l'intérieur des formations qu'il constitue avec d'autres humains 3

Six récits pour une problématique

Pour illustrer cette approche, et présenter quelques facettes contra- dictoires de ce qui se joue dans une société où la maîtrise de la mise au travail de l'homme et de sa mise en valeur reste un enjeu essentiel dans la structuration des pouvoirs et des hiérarchies qui les soutiennent, nous introduirons à la présentation de notre problématique par quelques courts récits qui invitent à cultiver un regard distancié sur les concepts et catégories qui dominent la mise en représentation de la société. Il y a ces catégories " naturalisantes » que des médias divers, chargés de nous informer de " la bonne » société au nom des puissances économiques, nous conduisent à considérer comme évidentes et allant de soi. Et il y a ces histoires humaines où l'extraordinaire quotidien ne cesse de critiquer l'évidence des rapports sociaux lue à l'aune de ces seules caté gories imposées. Une histoire cubaine, celle de ceux qui jouent à travailler, l'histoire de la mort au travail, celle de quelques fuyards, l'histoire du train de la liberté, enfin celle des hommes caméléons gourmands de compé tences... Elles introduisent toutes à une réexion sur le sens des inte- ractions que nous tissons à partir du travail. Histoires drôles, banales ou tristes, elles nous révèlent aussi combien il est dicile de saisir en soi le sens des rapports sociaux qui se tissent dans cet univers s'ils ne sont en permanence articulés à ce qui se joue dans l'ensemble de la société.

Trabajo si, samba no

Place de la Révolution à Cuba, Fidel harangue maintenant depuis plus de quatre heures, les masses laborieuses. En tenant, comme il aime à le faire, les micros à pleines mains, il les exhorte à comprendre que

3. N. Elias, La société de Cour, Paris, Flammarion, 1991, p. 238.

le mirage de la comptétence 14 l'avenir du socialisme dépend de leur courage au travail, du rendement qu'ils doivent accroître, de la concentration dont ils doivent faire preuve pour investir tout leur savoir-faire et leur inventivité pour améliorer la qualité de la production. "

Le premier plaisir et le meilleur est de

construire le socialisme cubain aux dépens même des autres plaisirs de la vie, c'est une question de dignité ! » Et Fidel de conclure en lançant un vibrant " Trabajo si, samba no ! »... Un instant le silence total se fait, puis imperceptiblement et de plus en plus fort, le peuple enthousiaste reprend les termes mêmes de son leader maximo. Tous ensemble, ils crient, mais non, écoutez... ils chantent "

Trabajo si, samba no ! » et en

ordre quittent bientôt la place en dansant une samba endiablée

Ceux qui jouent à travailler

Allemagne, 1995, l'exotisme n'est pas de mise, mais le chômage est bien là. Bien que n'ayant plus de travail et sans grande chance d'en retrouver rapidement, une poignée d'irréductibles a décidé de jouer à faire comme si ! Alors ils jouent comme les enfants le font au milieu de mille autres jeux à la marchande de quatre saisons ou au monopoly. Dans cette entreprise de services, tout est fait comme en vrai : de la fac ture au client à la fiche de paie des salariés, de la liquidation des traites en cours à la gestion exible du temps de travail. Tous les jours, comme de vrais salariés, pour ne pas oublier et conserver, disent-ils, les réexes et les attitudes requis par l'employeur..., ils se lèvent, se transportent, tiennent leur poste de travail et lors des pauses, ils rêvent au miracle ! Ils croient que la discipline quotidienne à laquelle ils soumettent leur corps et leur esprit, que le travail virtuel qui les attache au réel du monde marchand recèlent en eux-mêmes, comme s'il s'agissait d'une période de pénitence indispensable, la voie incontournable qui leur permettra à terme de retrouver le vrai monde, celui où le travail s'accomplit réelle ment en supportant la circulation de l'argent.

La mort au travail

Histoire banale qui guette beaucoup de salariés au temps du petit travailleur exible infatigable. Elle commence comme un conte de fées. Une secrétaire qui s'ennuyait depuis vingt ans se vit un jour promue à un poste (fait pour deux) où elle s'épanouit comme une eur. Elle s'aflairait à gauche, à droite, tôt le matin et tard le soir, et même les fins de semaines, elle préparait le début des suivantes... Tout lui paraissait beau ! On lui avait toujours dit qu'elle n'avait pas de mémoire et la le roman de la compétence 15 sienne n'arrêtait pas de grandir, on lui avait toujours dit qu'elle man- quait d'imagination et elle n'arrêtait pas de trouver des astuces pour que son travail soit de qualité et qu'il facilite celui des autres. Vivant avec sa grande fille de 17 ans, elle avait beaucoup d'amies et d'amis et sortait souvent : théâtres, expositions, cinémas, ballades, elle aimait ça ! Et puis, le conte se transforma en cauchemar. Elle n'avait plus de temps pour ses amis tant le travail mangeait sa vie. Elle répondit de moins en moins à leurs sollicitations, même pour un échange au téléphone. Puis son corps commença à la tourmenter. Mal au dos, bourdonnements dans les oreilles... les médecins ne saisirent pas le pourquoi, et le cauchemar tourna au drame ! Un jour la dépression arriva et la eur fanée tomba..., tomba..., tomba...

Figures de fuyards

Ici, ce sont de jeunes diplômés de l'enseignement supérieur, types bac +5 ou plus, qui désespèrent certains directeurs des ressources humaines car ils se refusent obstinément à accepter les postes à responsabilités. Réfractaires au travail de management, les voilà qui préfèrent un boulot sans responsabilité et mal payé plutôt qu'une intégration et un plan de carrière à hauteur de leurs compétences. Ailleurs, il y a cette chômeuse de longue durée qui déclare, dans un film, qu'elle ne pourra plus jamais travailler ayant perdu toute la naïveté nécessaire pour supporter les croyances quotidiennes que l'employeur impose et qu'il vous requiert en plus de partager Ils ont tous des qualités et autant de compétences, mais ils ont choisi de les mettre en oeuvre dans de multiples activités dont ils espèrent avoir le contrôle alors qu'ils doutent de les voir s'épanouir dans l'espace du travail salarié où pourtant le discours managérial n'a de cesse d'annon cer la mise en valorisation de " vos multiples talents » ! Double journée de travail et résistance culturelle Quand elle m'en parle, elle en sourit, comme si l'absurdité de cette situation la plongeait au coeur d'une histoire extraordinaire où la vie du héros nous serait peu à peu dévoilée mettant en valeur son don à pouvoir vivre en même temps dans plusieurs espaces contradictoires. Là, sur son lieu de travail, au sein de cette immense entreprise de dif fusion de biens culturels, elle voit quotidiennement passer sous ses yeux et ses mains des supports d'art, musique et littérature, qu'elle ne cesse d'étiqueter et d'envelopper alors même que son plus grand désir est de le mirage de la comptétence 16 les prendre pour les lire et les écouter. Chez elle, sa frustration de vie n'est pas moindre puisque le peu de temps libre qui lui reste après une journée de travail salarié l'amène en permanence à devoir arbitrer, y compris pendant les fins de semaine, entre le temps à passer au travail ménager et le temps à partager avec son compagnon et ses enfants. Les mondes se bousculent, celui de la possession des biens matériels où l'humain se soumet au pouvoir de l'argentquotesdbs_dbs42.pdfusesText_42

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