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www.lemonde.fr 58
e olivier roller pour le monde

DEPUISlongtemps, le psy-

chosociologue s"inquiète du succès grandissant des idées de l"extrême droite. Pour lui, qui définit le racisme comme " un noyau aussi dur et résis- tant que la mort »,il est grand temps de s"occuper à nouveau des citoyens. Lire page 36CETTEpetite cité de 1 300 habitants, à une heure de Cardiff, est devenue le point de ralliement des amateurs de livres anciens qui viennent parfois de loin pour fouiller les présen- toirs et trouver la per- le rare. La moindre boutique, le moindre muret sont couverts d"ouvrages à tous les prix. A l"origine de cet engouement, la pas- sion d"un original,

Richard Booth, qui

vit dans le château de la cité. Pour son festi- val annuel, du 31 mai au 9 juin, Hay-on-

Wye attend 50 000

visiteurs.

Lire pages 30 et 31SergeMoscovici,prémonitoire

France......................... 2

Horizons.................... 13

Kiosque..................... 16

International............ 18

SociÈtÈ...................... 20

Annonces-Immobilier20

Entreprises............... 22

Communication...... 25MarchÈs ................... 26

Aujourdíhui.............. 28

MÈtÈorologie........... 32

Jeux........................... 32

Culture...................... 33

Radio-TÈlÈvision...... 37

Carnet....................... 38

Abonnements.......... 38

Pays de Galles : Hay-on-Wye,le village des vieux bouquins portrait videograg-france 2 /afp

SOMMAIRE

Le " non » de Chirac.Le prÈsident

refuse tout dÈbat avec Jean-Marie

Le Pen, reprÈsentant de´ líintolÈran-

ce ªet de´ la haine ª.Mardi 23 avril ‡ Rennes :´ Cíest le combat de toute ma vie. Cíest un combat moral ª.

Jean-Marie Le Pen a qualifiÈ ce refus

de´ pitoyable dÈrobade ª .Notre son- dage sur les indÈcis qui ont votÈ pour líextrÍme droite. p. 2 et 3Droite.Les partisans de Jacques Chi- rac vont crÈer líUnion pour la majori- tÈ prÈsidentielle (UMP). FranÁois

Bayrou refuse tout´ bricolage díap-

pareil ª.Pasqua votera Chirac. p. 4

Les anti-Le Pen.Les manifesta-

tions de la jeunesse. Les syndicats prÈparent le 1 er mai. p. 6 et 7

Gauche.Le PS enterre la ´ gauche

plurielle ª. Un entretien avec

Arnaud Montebourg. La crise crois-

sante du PCF. p. 8 ‡ 10

Vu de l"étranger.LíAllemagne ras-

surÈe par la certitude díune victoire de Jacques Chirac : Le Pen considÈrÈ comme un´ accident de par- cours ª.Le Maroc síinquiËte pour ses

ÈmigrÈs.

p. 12

Débats, chroniques, éditorial.

Points de vue de Nicolas Tenzer,

Michel BrouÈ et Bernard Murat, Pier-

re BergÈ, Benjamin Stora, Rabah AÔt-

Hamadouche. Editorial :´ Tout ne se

dÈbat pas ª. p. 14, 15, 17, 36 et 39

Culture.Le programme de Chirac :

renforcer le rÙle culturel de líEtat, sanctuariser le budget de la culture et accroÓtre líautonomie des Ètablis- sements publis. Le Pen contre líart

´ officiel ª et ´ stalinien ª.

p. 33 richard pak

VIVENDI UNIVERSAL

LíAG des actionnaires

aprËs la crise de

Canal+. Messier

face aux critiques p. 22

PROCHE-ORIENT

IsraÎl obtient le report

de la mission díenquÍte ‡ JÈnine p. 18

SCIENCES

A la recherche du Nord

magnÈtique p. 28

PRESSE

Peu díimpact

des journaux gratuits sur les quotidiens payants p. 25

SOCI²T²

Les accidents

de la route, premiËre cause de la mortalitÈ des jeunes p. 20

TOUTsíassure, mÍme le risque de ne pas

franchir la barre des 5 % au premier tour de líÈlection prÈsidentielle. LíEtat ne prend ‡ sa charge que les frais de campagne Èlectorale des candidats ayant dÈpassÈ la barre des 5 %.

Robert Hue, qui nía obtenu que 3,37 % des suf-

frages exprimÈs, devra rembourser les frais engagÈs. En quÍte de fonds, le PCF a annoncÈ, mardi 23 avril, le lancement díune souscription de 1,5 million díeuros, díici ‡ la fin juin, pour per- mettre le paiement des frais de campagne du candidat malheureux.

Son budget de campagne atteignait 8,38 mil-

lions díeuros, et Robert Hue doit se mordre les doigts díavoir renoncÈ, dÈbut 2002, ‡ souscrire une assurance qui lui aurait permis de rembour- ser une partie des frais engagÈs. La prime demandÈe avait ÈtÈ jugÈe trop ÈlevÈe, large- ment supÈrieure ‡ 300 000 euros, selon nos informations.´ Le contrat Ètait prÍt, il níavait quí‡ signer ª, souligne un assureur. InterrogÈ, le PCF nía pas souhaitÈ commenter líaffaire. Leparti de Robert Hue a seulement, comme tous les candidats, souscrit, auprËs díAXA, une assu- rance en cas de dÈcËs ou díaccident, qui prÈ- voyait le remboursement des frais de campa- gne engagÈs si le candidat sortait malencon- treusement de la compÈtition.

Plus prÈvoyant, Jean-Pierre ChevËnement a

couvert une partie de ses dÈpenses au cas o il níatteindrait pas 5 %. Finalement, il a obtenu

5,33 %. Outre une assurance-dÈcËs classique,

pour 22 300 euros, une autre garantie a ÈtÈ trouvÈe, aprËs des mois de nÈgociations, auprËs du marchÈ franÁais, placÈe par la filiale franÁai- se du courtier amÈricain Marsh, numÈro un mondial. Cette garantie prÈvoyait de rembour- ser 3 millions díeuros si M. ChevËnement níat- teignait pas 5 %, pour une prime díassurance de

300 000 euros, a prÈcisÈ auMondeJean-Pierre

Cossin, mandataire financier du candidat du

PÙle rÈpublicain.´ Ce contrat nous a permis díemprunter plus que prÈvu ª, prÈcise M. Cossin.

Au dÈbut de la campagne, le parti de líancienministre de líintÈrieur avait empruntÈ 7,4 mil-

lions díeuros, et a pu obtenir une rallonge de 1,2 million díeuros gr"ce ‡ la garantie díassurance souscrite. Au total, le PÙle rÈpublicain a dÈpen- sÈ environ 9,5 millions díeuros. LíEtat va rem- bourser 7,4 millions díeuros.´ En comptant líar- gent que nous ont donnÈ nos militants, il nous restera ‡ rembourser 1,2 million díeuros ª, ajoute

M. Cossin qui ne regrette pas díavoir souscrit

cette assurance. ´ Nous avions eu cette idÈe lors des Èlections europÈennes de 1994[le MDC avait obtenu 2,5 % des voix ], mais nous níavions pas trouvÈ díassu- reur ª, ajoute M. Cossin. Les assureurs sont en effet assez rÈticents ‡ couvrir ce type de risque. La prime díassurance ‡ payer est díabord calcu- lÈe en fonction des rÈsultats des sondages. ´ Nous avons innovÈ avec ces Èlections, partant du principe que tout ce qui est alÈatoire peut Ítre assurÈ ª, explique-t-on chez Marsh.Pascale Santi

POURQUOIl"extrême droite

a-t-elle tant progressé, au point de porter Jean-Marie Le Pen au second tour de l"élection présiden- tielle ? Qui sont ces Français ordi- naires qui votent Le Pen ? L"enquê- te duMonde,aujourd"hui à Calais, municipalité communiste où le can- didat du Front national est arrivé en tête et Robert Hue en cinquiè- me position, tente de répondre à ces questions. Sébastien, 23 ans, apprenti maçon, ancien électeur socialiste, exprime ses déceptions - " On n"a pas fait grand-chose pour nous » -et affirme qu"il votera LePen à nouveau au second tour : " C"est un risque à prendre pour fai- re bouger les choses. Après tout, s"il est élu, ce ne sera que pour cinq ans. Après, on verra. »Cyril, 20 ans,

électricien, dit à propos du centre

de Sangatte, tout proche :" Les clandestins, il y en a trop. On en a ras-le-bol. »Ils admettent que l"in- sécurité ne les touche pas. Mais ils ont - comme les LU licenciés, dont le délégué CGT dit que beaucoup n"iront pas voter le 5 mai - le senti- ment d"être abandonnés, perdus.

Lire notre enquête page 13

aanalyse La " première gauche »vient-elle de mourir ?

LES TEMPS PRÉSENTSsont

maussades et rendent difficiles les débats sereins. Qui, par exemple, aura l"audace de lancer la réflexion sur les causes de l"élimination de

Lionel Jospin de la compétition pré-

sidentielle, et donc sur les raisons de l"absence de la gauche, pour la première fois depuis 1969, d"un scru- tin politique majeur ? On objectera qu"il n"est pas opportun, aujour- d"hui, d"ouvrir cette controverse.

Puisqu"il faut faire barrage au Front

national et puisque la gauche, dans ses grandes composantes, n"a pas hésité, pour cette cause, à appeler à voter pour Jacques Chirac, sans dou- te ne faut-il pas l"accabler davanta- ge. Puisqu"elle a eu ce courage, sans doute faut-il avoir à son égard cette

élégance. Pas de controverses,

donc. Juste faire front...Faire front et se taire ? Faire front et ressasser, chacun par- devers soi, les souvenirs d"une cam- pagne calamiteuse ? La gauche, pourtant, ne pourra guère se tenir

à cette posture car l"autisme n"est

jamais, en politique, une bonne ligne de conduite. Elle devra donc, oui, faire front. Mais elle devra, tout autant, chercher les causes profondes de sa débâcle ; et cher- cher aussi à comprendre les consé- quences prévisibles du retrait de

Lionel Jospin de la scène politique.

Les dirigeants socialistes pourront

d"autant moins faire l"économie de cette réflexion que tous ces événe- ments se combinent pour en accou- cher d"un autre, de portée lui aussi historique : au passage, la gauche, ou, plus précisément la " première gauche », celle dont Lionel Jospin alongtemps été le dernier porte-dra- peau, a vraisemblablement été rayée de la carte politique française pour longtemps.

Observons, en effet, rapidement

ce qu"a été la campagne présiden- tielle de M. Jospin. Par commodité, les dirigeants du PS font aujour- d"hui valoir qu"elle a été brouillée par une pathétique erreur tactique.

Confondant le premier et le second

tour, le candidat aurait cherché à rassembler le pays plutôt qu"à ras- sembler, d"abord, son propre camp.

Puis, comprenant qu"il faisait faus-

se route, il aurait changé de cap et pris trop tardivement des accents de gauche.Laurent Mauduit

Lire la suite page 17

Face à Le Pen, un nouveau Chirac

Contre líextrÍme droite, le prÈsident sortant se rÈclame díun ´ combat moral ª contre ´ líintolÈrance et la haine ªen ile-de-france

Tout le cinéma

et une sélection de sorties Jean-Pierre Chevènement avait assuré ses frais de campagne, pas Robert Hue

Ces travailleurs qui ont voté Le Pen

fChirac contreLe Pen :" La Républiquene transige pas » fLe président refusetout débat avecson adversaire fLa droite créel"Union pourla majoritéprésidentielle fManifestationsanti-Le Penet préparationdu 1 er mai voyages En meeting à Rennes, le président-candidat refuse de " transiger » avec le Front national

VOICI LES EXTRAITS, relatifs

au Front national, du discours pro- noncé par Jacques Chirac, mardi

23 avril, à Rennes.

La France veut défendre

haut et fort l"honneur de la démocratie. Elle veut dire haut et fort que, par-delà toutes les différences entre les

Français, par-delà l"opposition des

projets entre la droite et la gau- che, par-delà le nécessaire débat démocratique entre forces de l"al- ternance, tous, nous sommes réu- nis par la passion des droits de l"homme, par l"amour de la Répu- blique, par l"exigence morale de la tolérance et du respect de l"autre.

Tous, nous sommes réunis dans

l"appartenance à la nation françai- se, par le refus de l"extrémisme, du racisme, de l"antisémitisme et de la xénophobie. Tous, nous refu- sons les solutions simplistes, bruta- les, qui débouchent toujours, un jour ou l"autre, sur la violence d"Etat.(...) La France est confrontée à une situation grave. Ce qui est en cau- se, c"est son âme, c"est sa cohé- sion, c"est son rôle dans l"Europe et dans le monde. (...) Autant je comprends l"angois- se des Français devant la montée de la violence et de l"insécurité, autant je comprends l"inquiétude devant les excès de la mondialisa- tion et les risques de délocalisa- tions qu"elle entraîne, autant je comprends le désarroi et la colère devant trop d"inaction et d"impuis- sance, autant je m"oppose avec détermination à ceux qui ne parta- gent pas l"exigence républicaine et les valeurs de la démocratie.

Je m"oppose avec détermination à

ceux qui ne respectent pas les valeurs humanistes et la vocation universelle de la France. Je m"op- pose avec détermination à ceux qui brandissent la menace de la rue, qui agitent les spectres de la force brute, de l"irrationnel et du mépris. La République ne transige pasquand il en va de l"essentiel, quand il en va de l"esprit et du coeur de notre pays. La Républi- que ne transige pas quand l"âme même du peuple français est en question.

Ce combat est le combat de toute

ma vie. C"est un combat moral. Je ne peux pas accepter la banali- sation de l"intolérance et de la haine. Face à l"intolérance et à la haine, il n"y a pas de transaction possible, pas de compromission possible, pas de débat possible. Il faut avoir le courage de ses convictions, la constance de ses engagements. Pas plus que je n"ai accepté dans le passé d"alliance avec le Front national, quel qu"en soit le prix politique, je n"accepte- rai demain de débat avec son représentant. (...) Je tiens à ce que l"on sache, notamment à l"extérieur de nos frontières, que notre nation est et restera foncièrement

étrangère à toute forme

d"extrémisme. patrick artinian/contact press images verbatim " C"est le combat de toute ma vie, un combat moral » w

LA PHOTOGRAPHIE DE

PATRICK

ARTINIAN

A Rennes,

mardi 23 avril,

Jacques Chirac

a commencé son premier meeting de second tour dans un silence pesant.

Sans nommer

Jean-Marie Le Pen,

il a dénoncé l"intolérance et la haine.

Il a aussi fait savoir

qu"il ne débattrait pas à la télévision avec le candidat du Front national.RENNES de notre envoyée spéciale

Dans la salle, il y a beaucoup de

jeunes, heureux de pouvoir"se dire de droite et anti-FN ».Ilya aussi quelques électeurs de gau- che, assaillis par les radios et les télévisions. Ceux-là vont voter

Chirac," pour la première fois de

ma vie, vous pouvez me croire », dit l"un d"eux, parce que le pre- mier tour les a" traumatisés ».Et puis, il y a la grande masse des

électeurs de droite venus, à Ren-

nes ce mardi 23 avril, écouter le président parler.

Beaucoup de ceux-là ont"un

voisin »," un ami »qui, dimanche, a voté pour Jean-Marie Le Pen. " Cela surprend, vous savez,expli- que Louisette, une chiraquienne de toujours,de voir un médecin, un ingénieur, reconnaître soudain qu"ils ont voté FN pour donner un avertissement. » " Mon voisin a voté

Le Pen, oui ! »,lâche Daniel, un

" petit retraité »qui cache à peine qu"il parle de lui-même." Mais pour éliminer Jospin c"est, au fond, ce qu"il fallait voter ! Maintenant, il va choisir Chirac. » " Les affaires de

Chirac, la dissolution, la cohabita-

tion ont ramené des voix à Le Pen, c"est sûr », constate Marcel, qui craint que le FN ne gagne encore des voix au second tour." Les gens qui ont fait cela sont perdus »,soupi- re Joëlle, une électrice" centriste » venue de Cholet, " mais les choses

étaient peut-être trop calibrées. Il y

a peut-être trop d"énarques, les hom- mes politiques sont peut-être trop loin de nous ». Ceux-là ne saventpas encore très bien ce qu"ils atten- dent de Chirac." De l"action », dit l"un," du changement », dit l"autre, " de la sécurité »et" une politiquequotesdbs_dbs31.pdfusesText_37

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